Pouvez-vous nous expliquer brièvement en quoi consiste le Master conjoint Erasmus Mundus Bioceb ?
C’est un Master conjoint en 2 ans, qui réunit 5 universités européennes :
- L’Institut national des sciences et industries du vivant et de l'environnement (AgroParisTech) – France
- L’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) – France
- L’Université Aalto – Finlande
- L’Université technologique de Tallinn (TalTech) – Estonie
- L’Université de Liège (ULiège) – Belgique
Ces cinq universités ont coconstruit un programme de formation qui s’appuie sur cinq parcours de mobilité, où chaque étudiant doit sélectionner un de ces parcours. Chaque étudiant étudie dans trois universités parmi les cinq partenaires. Le master Bioceb est un master dédié à l’ingénierie chimique et biologique pour le développement d’une bioéconomie durable. Les étudiants de ce master ont des profils diversifiés allant de la chimie à la biologie, en passant par les sciences des aliments, des matériaux ou de l’environnement. Il s’agit d’une formation pluridisciplinaire dispensée entièrement en anglais. A la fin du programme, les étudiants obtiennent un triple diplôme de master, issu de chaque université dans laquelle ils ont étudié. Une spécificité de ce master est la mise en œuvre par les étudiants d’un « Green line project » sur les trois premiers semestres de leur cursus. Il s’agit d’un projet de groupe multisites, construit autour d’une problématique concrète de valorisation de co-produits ou déchets issus de la biomasse. Chaque projet réunit en moyenne quatre étudiants et est co-encadré par des enseignants des différentes universités du parcours des étudiants. Cette initiation à la recherche collaborative dans un environnement multiculturel est particulièrement stimulante pour les étudiants.
Pour quelles raisons avez-vous décidé de créer le master Erasmus Mundus Bioceb ?
L’idée de sa création a émergé en 2015, entre l’URCA et AgroParisTech qui avaient déjà une collaboration de longue date. Nous avions, à l’époque, identifié le besoin d’une formation internationale dans le domaine de la bioéconomie, domaine où nos deux universités étaient déjà bien engagées. Ce besoin se faisait également ressentir chez les recruteurs potentiels (industriels, laboratoires de recherche publics, cabinet de conseil), qui étaient à la recherche de profils d’étudiants combinant une double compétence en chimie-biologie et des connaissances des filières biosourcées. Parallèlement, ULiège avait manifesté son souhait de construire avec AgroParisTech une formation conjointe dans le domaine des biotechnologies blanches. Nous avons donc saisi cette occasion pour proposer à l’URCA et ULiège de monter avec nous un master international en 2 ans dans le cadre d’un programme Erasmus Mundus. L’université finlandaise Aalto, avec laquelle nous étions déjà impliqués dans un projet de recherche Horizon 2020 en bioéconomie (www.zelcor.eu), nous a également rejoint, ainsi que l’Université Technologique de Tallinn qui faisait partie du réseau de l’URCA. Nous avons donc mis à profit nos différents contacts afin de construire un consortium de partenaires motivés, permettant une très bonne synergie, grâce notamment à la complémentarité de leurs expertises.
Comment l’élaboration du master Bioceb s’est-elle déroulée ?
La construction d’une formation à l’international était quelque chose de totalement nouveau pour nous. Le pôle Europe de la Direction des Relations Internationales et Européennes (DRIE) d’AgroParisTech nous a aidés et orientés vers le format des masters conjoints Erasmus Mundus. L’avantage de ce format est pluriel ; par la mutualisation des expertises et moyens de différentes universités partenaires, la reconnaissance au niveau international et européen de l’excellence de la formation et de ses étudiants, et la source de financement qu’elle constitue, notamment à travers des bourses attractives pour les étudiants. AgroParisTech bénéficiait, de plus, déjà d’une expérience de la coordination d’un master de ce type (Master FIPDes), tout en étant également partenaire de plusieurs masters conjoints Erasmus Mundus.
Quatre étapes ont été importantes lors de l’élaboration de ce master. La première étape a été la création du consortium, le fait de trouver des partenaires aux expertises complémentaires et nécessaires au projet, s’assurer de leur engagement, prendre en compte leurs contraintes administratives et la disponibilité des enseignants. La deuxième étape a été la construction de la formation. Cette construction s’est faite de façon collégiale au sein du consortium, en prenant en compte les enseignements et méthodes pédagogiques de chaque partenaire. Nous avons pu valoriser des enseignements existants (en les basculant du français à l’anglais et en les mutualisant avec des cursus nationaux). Nous avons également identifié des manques et conçu ensemble de nouveaux enseignements spécifiques, tels que le module « Green Line Project ».
La troisième étape a été l’élaboration du budget. Il y a eu une étape de négociation avec les partenaires (montant des droits d’inscription, répartition du budget entre les partenaires en fonction de tâches précises prévues dans le projet, montant dévolu au management du projet, etc.). Le financement par la Commission européenne couvre non seulement les bourses de mobilité, mais aussi les frais de missions, de fonctionnement pédagogique, de dissémination et d’organisation des événements conjoints. La dernière étape a été de constituer un réseau de partenaires dits « associés ». Ces partenaires, en Europe et hors Europe, n’ont pas de soutien financier de l’UE et ne sont pas dans le consortium directement, mais ils s’engagent à contribuer à la formation (accueil de stagiaires, conférences, …) et au rayonnement du master. Ce réseau évolue au fur et à mesure du projet. Il permet de bénéficier d’un large éventail de compétences et donne une ouverture à l’international.