Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre rôle au sein de l’Agence Erasmus+ France ?
Je m’appelle Mathilde Begrand et je suis responsable du Pôle enseignement supérieur, au Département promotion au sein de l’Agence Erasmus+ Education Formation France. Je suis en charge de la promotion des opportunités diverses du programme Erasmus + auprès des établissements de l’enseignement supérieur, dont les actions Erasmus Mundus.
Selon vous, quels sont les atouts de l’action Erasmus Mundus pour les parties prenantes participantes ?
L’action Erasmus Mundus fait partie du programme Erasmus+. L’action Erasmus Mundus vise, à travers l’élaboration et la mise en place de masters conjoints, à renforcer l’attractivité de l’enseignement supérieur européen dans le monde et à renforcer l’employabilité des étudiants. Cette action permet de créer des masters d’excellence, attirant des étudiants du monde entier grâce à des programmes attractifs et innovants.
Il y a des avantages pour les 3 parties prenantes qui sont l’établissement, les enseignants-chercheurs et les étudiants. Cette action est un outil pour l’ouverture à l’international à toutes les échelles. Cela permet à la fois d’attirer des talents des quatre coins du monde, d’avoir des ambassadeurs pour son établissement, de recruter les meilleurs étudiants et futurs collaborateurs. Cela contribue également au rayonnement international de l’établissement, de sa formation et de ses enseignants-chercheurs. Créer un master conjoint permet d’améliorer les pratiques administratives de l’établissement en matière d’accueil et peut accélérer le développement en anglais de ses formations. De plus, le projet se développera au mieux s’il est intégré dans la stratégie de l’établissement, car même si c’est un enseignant-chercheur qui porte le master, une aide sur la partie administrative est essentielle. Les partenariats entre établissements permettent de bénéficier de l’expertise et de l’expérience de chaque partenaire. Les masters Erasmus Mundus sont des « super-masters », qui s’appuient sur les forces et la complémentarité de chacun des partenaires.
L’enseignant-chercheur quant à lui doit penser le master conjoint comme un outil dans sa stratégie globale de travail, en termes de recherche et de formation. C’est l’occasion de renforcer son réseau en s’appuyant sur les partenaires de ses projets de recherche ainsi que de le développer en profitant du propre réseau de ses partenaires. C’est également l’opportunité de mettre en place de nouvelles approches pédagogiques. Il doit notamment être en mesure d’adapter sa pédagogie vis-à-vis des étudiants internationaux, notamment via une offre de cours en anglais par exemple. Les étudiants étrangers ont parfois des attentes ou des façons de travailler différentes, il s’agit donc d’adapter son enseignement à ce contexte interculturel. Chaque master associe aussi des partenaires, socioéconomiques ou issus de la recherche, localisés en Europe ou au-delà, ce qui permet d’enrichir les cours grâce à l’intervention de professeurs et de professionnels invités. Le consortium peut également inclure des partenaires associés avec une expertise spécifique (ONG, laboratoires de recherche, entreprises, organisme public, etc.).
Pour l’étudiant, c’est une opportunité unique d’étudier au sein d’une cohorte multiculturelle et d’acquérir une riche expérience et une sensibilité à l’interculturalité. Il obtient également des diplômes de plusieurs établissements étrangers (souvent plusieurs diplômes ou un diplôme conjoint). Ils ont ainsi accès à des marchés de l’emploi plus vastes, car les expériences à l’international sont très valorisantes sur un CV.
Dans le cadre de vos fonctions, avez-vous été amenée à conseiller des personnes dans l’élaboration de Master conjoint Erasmus Mundus ?
En effet, l’Agence accompagne les porteurs de projets. C’est son rôle de faire la promotion de cet outil. Il y a eu notamment un cycle de webinaires dédiés à la présentation de l’Action Erasmus Mundus et une partie dédiée aux questions des candidats. Nous sommes contactés à la fois par les enseignants-chercheurs et par les équipes en ingénierie de projets. À savoir que l’agence européenne EACEA organise également des sessions d’information pour répondre à leurs questions (ressources).
Selon vous, à quoi doivent particulièrement veiller les enseignants-chercheurs désirant candidater pour la première fois aux actions Erasmus Mundus ?
Il faut veiller à trois choses. Tout d’abord, il faut absolument s’assurer que le master n’existe pas déjà, qu’il n’a pas déjà été financé. Il est donc nécessaire de faire un état des lieux et une étude des besoins. Deuxièmement, le projet doit contribuer, à son échelle, à la politique plus globale de la Commission européenne (CE) afin de développer l’espace européen de l’enseignement supérieur. Il faut prendre de la hauteur, regarder les textes politiques stratégiques de la CE, amener sa pierre à l’édifice, et faire cela pour chaque pays partenaire du master. Enfin, troisièmement, il est important que les enseignants-chercheurs soient bien entourés. Je leur conseille d’aller échanger avec les différents services de leurs universités qui seront impliqués dans un tel projet (service des relations internationales, les services administratifs, la présidence, …), et ce dès le début du montage. Il est important de montrer aux évaluateurs que le projet est soutenu par l’établissement. Les aspects scientifiques et académiques sont, en effet, aussi importants que l’aspect administratif dans l’évaluation des propositions. Le fait de bien s’entourer, en choisissant par exemple des partenaires réactifs avec qui on sait travailler et en qui on a confiance est également un point essentiel à prendre en compte.
Enfin, quels points souhaiteriez-vous souligner pour encourager les enseignants-chercheurs à déposer et/ou participer à la création d’un Master Conjoint Erasmus Mundus ?
Actuellement, il y a de très bons taux de succès, de 40 % à 50 % sur les derniers appels. Il ne faut donc pas se limiter, il faut oser candidater. Même si le projet ne semble pas parfait, il faut oser le déposer, car il sera évalué et vous obtiendrez un retour détaillé des évaluateurs pour améliorer votre projet. Il ne faut pas se décourager s’il ne passe pas du premier coup. Pour les enseignants-chercheurs, il faut voir cet appel comme un outil les poussant à être créatifs et ambitieux. Toutefois, il est nécessaire de ne pas sous-estimer la charge de travail, cela constitue un investissement conséquent de la part des enseignants-chercheurs d’où l’importance d’être bien entouré dès le début du projet.
Enfin, une fois le projet sélectionné, l’enseignant-chercheur n’est pas seul, l’EACEA l’accompagne dans la mise en œuvre avec notamment un atelier de lancement réunissant tous les lauréats. Il existe également l’association EM-ACT qui met en réseau les coordinateurs des différents Masters Erasmus Mundus. Cette association constitue une plateforme de soutien et permet l’échange des bonnes pratiques qui peut s’avérer très utile pour les coordinateurs de projets.