Juin/Juillet 2021: Interview de Virginie Manfroni, conseillère recherche, innovation, enseignement supérieur Grand Est-Europe

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours ?

Virginie MANFRONI : Originaire du Grand Est, je travaille depuis près de 20 ans dans le secteur de la coopération européenne et internationale. J’ai une formation de droit public et science politique et je suis titulaire d’un master 2 de l’université de Nancy « Collectivités territoriales et Union européenne ».

J’ai occupé différents postes dans le privé mais mon expérience repose majoritairement sur le secteur public. Attachée territoriale, j’ai été détachée auprès du Ministère des affaires étrangères d’abord en tant qu’attachée de coopération au consulat de France à Québec puis à l’ambassade de France en Serbie.

Après avoir réintégré la Région Grand Est, j’ai rejoint en octobre 2020, Grand Est – Europe à Bruxelles.

Photo Virginie Manfroni

Quel est votre rôle au sein de Grand Est – Europe ?

Je suis en charge du portefeuille recherche, innovation et enseignement supérieur. A ce titre, j’occupe 3 missions principales :

  • J’assure le suivi des programmes de financement dédiés à ces thématiques, par exemple Horizon Europe et Erasmus+, ou des programmes plus récents comme Europe Numérique. Suivre ces programmes c’est à la fois les connaitre, rester informée, transmettre les informations mais aussi accompagner si besoin les partenaires sur des points plus précis. D’ailleurs en termes de diffusion de l’information, je suis identifiée comme relais Horizon Europe du nouveau réseau mis en place par le MESRI.
  • Ma deuxième mission est de suivre les grandes orientations politiques et surtout les stratégies européennes en matière d’innovation et d’enseignement supérieur. Un exemple qui intéresse particulièrement votre établissement est l’espace européen de l’éducation d’ici à 2025 qui participera à concrétiser l’espace européen de la recherche. Il s’agit de suivre ces grandes orientations et de voir comment en bénéficier et s’en servir au niveau local.
  • Ma troisième mission est d’assurer un lien entre les principales priorités locales et les grandes priorités européennes. Cette mission consiste à suivre des projets européens plus précis, pour lesquels il peut y avoir un intérêt régional.

Enfin, chaque conseiller s’occupe également de l’organisation et du suivi de l’un des six groupes de travail. Pour ma part, il s’agit de la transition numérique.

L’URCA était adhérente du Bureau Europe Grand Est. Pouvez-vous nous recontextualiser l’évolution vers Grand Est – Europe et nous expliquer les différences entre ces deux entités ?

Le but initial de cette transformation était d’insuffler une nouvelle dynamique afin d’obtenir une philosophie de fonctionnement et d’action différente. Dans l’essence, les missions principales sont quasiment identiques puisqu’il s’agit toujours de renforcer l’action des territoires dans une démarche européenne. C’est dans la manière d’agir, basée davantage sur le collectif, que se situe véritablement la différence. En effet, la création d’un Groupement d’intérêt public (GIP Grand Est - Europe) a induit la mise en place d‘un collectif qui copartage ses forces et ses besoins pour coconstruire la mission, s’alimenter des complémentarités de chaque partenaire et s’inscrire dans une démarche de gouvernance collective. Cette nouvelle logique vise à créer un écosystème, un réseau régional du Grand Est et de ses acteurs.

Deux exemples, qui concernent l’URCA mais aussi les autres universités membres, permettent d’illustrer cette différence :

  • Le lancement du cycle de conférences Horizon Europe Grand Est, mis en place en coordination entre Grand Est - Europe et Grand E-Nov+ pour tous les acteurs et chercheurs du Grand Est ;
  • Le cycle Erasmus+ en cours de programmation, avec plusieurs universités.

Pour répondre à cet objectif d’approche collective des enjeux, l’équipe Grand Est - Europe a pour rôle d’animer le collectif, de l’informer, de soutenir l’émergence de projets individuels ou collectifs qui sont le préalable à la promotion des intérêts du Grand Est à Bruxelles.

Selon vous, que peut apporter GE-E à une université comme l’URCA ? Quelle aide proposez-vous à un chercheur souhaitant répondre à un appel Horizon Europe par exemple ?

Notre mission est d’abord de proposer un suivi au plus près de l’actualité européenne et transmettre l’information de manière réactive. C’est un service qui profite à tous nos membres notamment les chercheurs. Ils peuvent être informés à travers des outils de veille, hebdomadaire et par thématique, qui leur permettent une lecture simplifiée et ciblée des actualités (la « semaine en bref » par exemple). Le but est toujours d’anticiper et d’être informé le plus tôt possible. A titre d’exemple, nous travaillons sur le décryptage en amont des programmes de travail notamment d’Horizon Europe pour identifier les priorités thématiques et les appels à projets sur 2 ans. Notre volonté est d’apporter aux chercheurs une information ciblée et synthétique face à des programmes de travail qui font entre 300 et 600 pages !

Il s’agit aussi d’organiser des sessions d’information sur le contexte politique et les grandes orientations de la Commission européenne notamment. Il est déterminant de comprendre le contexte dans lequel on s’inscrit quand on souhaite répondre à un appel à projets du programme Horizon Europe. C’est un critère de sélection fort d’identifier et de comprendre les enjeux politiques et d’adapter les impacts de son projet en conséquence. Recontextualiser son projet au niveau européen est une aide que l’équipe Grand Est - Europe peut apporter.

Enfin, nous pouvons également soutenir la recherche de partenaires à travers nos réseaux (ex : ERRIN « European Regions Research and Innovation Network »). En revanche, il est à noter que Grand Est - Europe n’accompagne pas directement sur le montage ou la rédaction de projets.

Quel est l’appui que pourrait apporter Grand Est - Europe en termes de lobbying, de valorisation des compétences de l’URCA ?

C’est une question intéressante à ce stade de notre construction car c’est une mission qui est identifiée, mais qui doit encore être développée. Nous avons comme objectif de nous positionner pour valoriser les compétences de nos membres et l’idée est de travailler ensemble pour trouver le meilleur moyen d’y parvenir.

Nous sommes membres du réseau ERRIN. Celui-ci organise des groupes de travails, auxquels nous participons et qui nous permettent de rencontrer des représentants de la Commission européenne. Ces derniers sont amenés à nous faire part de leurs besoins de compétences particulières. Grâce à ces échanges, nous pouvons informer nos membres de cette recherche d’expertise et assurer le lien entre les besoins identifiés et le savoir-faire de nos partenaires pouvant y répondre.

Pouvez-vous nous parler des groupes de travail mis en place au sein de GE-E et de leurs objectifs ?

La mise en place de groupes de travail thématiques répond à un besoin des membres de travailler ensemble sur des sujets précis. L’objectif initial a été de repérer des sujets d’intérêts communs pour identifier par la suite des complémentarités et d’échanger sur des informations ciblées. Les 6 groupes de travail thématiques sont les suivants :

  • Transition énergétique
  • Transition numérique
  • Enjeux urbains et attractivité
  • Enjeux ruraux et bioéconomie
  • Santé et social
  • Transports et véhicules de demain

Ces GT ont été lancés en début d’année et se seront tous réunis au moins une fois d’ici mi-juillet. Pour l’instant, ces réunions de travail ont permis de présenter le contexte politique européen sur ces différentes thématiques et de déterminer des enjeux communs. La philosophie de ces GT est de suivre à la fois les évolutions politiques et les opportunités en matière de coopération et de financements européens.