Marqués par de fortes rivalités nationales et une volonté de créer son propre modèle face aux modèles européen et nord-américain, les pays sud-américains se sont, dans leur grande majorité, lancés dans des politiques ambitieuses en vue d’améliorer et d’internationaliser leur offre de formation tout en développant des capacités de recherche compétitives. D’ambitieux investissements nationaux et l’ouverture vers des partenariats stratégiques viennent construire le paysage de la recherche sud-américaine pour les années à venir.
Juillet & Août 2017 - Coopérer avec l'Amérique du Sud
Pour certains chercheurs, l’Amérique latine fait désormais figure d’Eldorado. Cette force d’attractivité se manifeste notamment dans le nombre important de candidatures impliquant un partenaire sud-américain dans les appels à projets Erasmus + hors Europe. La forte sélectivité qui en découle, loin d’en diminuer l’attrait, contribue à renforcer l’image de marque du continent.
Les chercheurs de l’URCA ont l’opportunité d’intégrer cette dynamique et, pour vous aider à mener à bien cette ambition, nous souhaitions vous proposer une présentation non exhaustive des mécanismes de financement de projets existant à l’échelle bilatérale et régionale.
Programmes bilatéraux pluridisciplinaires
Dans le sillon de la politique d’attractivité menée par la France, toute une série de programmes de financement dédiés à des projets bilatéraux est proposée avec le soutien du ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères et le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en partenariat avec des ministères ou institutions étrangers.
(Comité Français d’Evaluation de la Coopération Universitaire et Scientifique avec le Brésil) co-finance avec le CAPES brésilien, depuis 1979, des mobilités courtes et des bourses de formation doctorale dans le cadre de projets intergénérationnels alliant recherche et formation à la recherche. Ouvert à tous les champs disciplinaires, le CAPES-COFECUB a pour seules exigences la complémentarité des équipes, l’excellence du projet et la participation effective de doctorants au programme de mobilités prévu par celui-ci.
Lancé en 1994, le programme USP-COFECUB vient compléter ce dispositif. Il obéit aux mêmes principes mais le partenaire brésilien doit être rattaché à l’Université de Sao Paulo qui cofinance le programme. Ces deux programmes ont vocation à financer des coopérations naissantes.
Il existe également des chaires franco-brésiliennes, soit avec l’État de São Paulo et les universités de Sõ Paulo (USP), de Campina (UNICAMP) et Julio de Mesquita Filho (UNESP), soit avec l’Université fédérale de Minas Gerais (UFMG). Ces chaires permettent l’accueil de chercheurs français dans les universités partenaires pour des durées allant de 45 jours à 2 ou 4 mois selon les chaires et encouragent la réciprocité des échanges.
Alexander Alijah, enseignant-chercheur au sein du Groupe de Spectrométrie Moléculaire et Atmosphérique (GSMA, UMR CNRS 7531) vient d'obtenir une chaire avec l'Université Fédérale Minas Gerais (UFMG). Dans le cadre de cette chaire, il va effectuer une mobilité de deux mois au Brésil afin de travailler avec le Professeur José Rachid Mohallem sur la spectroscopie moléculaire d’intérêt astrophysique et astrochimique et codiriger le travail de thèse du doctorant Paulo Amaral.
Pour l’Argentine, le programme Bernardo Houssay
a pour philosophie, au contraire, de venir renforcer des coopérations existantes en finançant des séjours de 3 à 12 mois de post-doctorants en France et en Argentine (avec une obligation de retour pour les chercheurs argentins).
Les programmes ECOS se sont développés à partir d’une initiative des mêmes ministères en direction du reste de l’Amérique hispanophone. Après un premier partenariat avec le Chili (1992), le Comité ECOS a étendu son action à l’Uruguay (1993), au Mexique (1994), à l’Argentine (1997), à la Colombie (1998) et au Venezuela (1999). Il est désormais scindé en deux comités : ECOS Nord (Mexique, Colombie, Venezuela) et ECOS Sud (Argentine, Chili, Uruguay).
Les appels à projets ont lieu au cours du premier semestre de chaque année, chaque programme bilatéral fixant ses propres règles, thématiques prioritaires, durée des projets et calendrier. En voici les grands traits :
Actions de 3 ans non renouvelables ; prise en charge des billets d’avion pour les chercheurs et doctorants français ; frais de séjour pour les chercheurs argentins (mission de 14 à 31 jours) et des doctorants et post-doctorants (stage de moins de 3 mois) ; alternance de deux thématiques larges chaque année ; préférence aux projets portés par des équipes de jeunes chercheurs (présence d’un chercheur HDR dans l’équipe française).
Actions de 3 ans non renouvelables ; mêmes conditions de financement que pour le programme argentin ; mise en place de thématiques prioritaires, présence de jeunes chercheurs encouragés.
Actions de 3 ans non renouvelables ; même conditions de financement que pour les programmes argentin et chilien ; pluridisciplinarité ouverte ; présence de jeunes chercheurs encouragés.
Actions de 4 ans ; définition de domaines prioritaires à traiter, de préférence, sous un angle pluridisciplinaire ; financement de deux missions, une senior et une junior, dans les deux sens chaque année ; participation obligatoire d’un doctorant mexicain.
Actions de 3 ans ; pluridisciplinarité ; financement de deux missions, une senior et une junior, dans les deux sens chaque année ; participation obligatoire d’un doctorant colombien et, si possible, d’un doctorant français.
Actions de 4 ans ; pluridisciplinarité ; financement de deux missions, une senior et une junior, dans les deux sens chaque année ; volet de formation doctorale obligatoire.
Programmes bilatéraux ou régionaux axés sur le développement d’une discipline ou sur le montage de formations
En parallèle aux programmes bilatéraux, plusieurs programmes cofinancés par la France visent à favoriser l’essor de disciplines particulières dans une logique souvent régionale. Ainsi en est-il de deux programmes phares, dédiés aux mathématiques et aux STIC, qui exigent l’intégration d’au minimum deux équipes de chercheurs de deux pays sud-américains, parmi l’Argentine, le Brésil, la Colombie, le Chili, l’Equateur, le Paraguay, le Pérou, l’Uruguay et le Venezuela, est une condition requise dans le cadre de ces candidatures :
Programme MATH-AmSud
(appel de décembre à mai de chaque année) : actions de deux ans incluant des séjours de recherche, des ateliers scientifique et/ou écoles d’été ; financement à hauteur de 10 000 à 15 000 euros par an.
Programme STIC-AmSud
(appel de décembre à mai de chaque année) : conditions similaires à celui du programme MATH-AmSud.
Enfin, le programme PREFALC (Programme Régional France- Amérique latine- Caraïbes) a pour objectif la mise en place de modules équivalents à la maîtrise dans les universités sud-américaines et finance, pour ce faire, le transport et le séjour des professeurs français invités à donner des cours ou des séminaires sur place. Dans une même logique de réseau régional, PREFALC encourage les liens avec les programmes bilatéraux COFECUB et ECOS mentionnés ci-dessus.
Programmes sur financement ANR, européen ou Belmont Forum
Dans le cadre de ses partenariats internationaux, l’ANR s’associe aux actions de l’UE et d’autres partenaires, comme le Belmont Forum, pour financer des initiatives multilatérales, incluant des pays d’Amérique latine. L’ERA-NET COFUND EN-SUGI FWE Nexus (Smart Urbanisation – Global Initiative- Food-Water-Energy Nexus) a ainsi associé, cette année, 23 pays partenaires dont la France, le Brésil et le Mexique pour promouvoir le développement des consortia travaillant sur des projets transversaux de 3 ans sur les questions croisées de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie.