Avril/Mai 2019 : Entretien avec Thémis Acrivopoulos sur le portail HAL de l'URCA

La plateforme HAL est en ligne à l’URCA depuis 2018. Pouvez-vous nous expliquer son fonctionnement et son utilité ? Les chercheurs peuvent-ils l’utiliser directement ?

HAL est une archive ouverte nationale destinée à la diffusion en ligne d’écrits scientifiques. C’est en fait un grand réservoir de documents alimenté par les chercheurs eux-mêmes, HAL donne accès gratuitement et librement à tous au savoir et à la connaissance. En effet le chercheur ne paie pas pour diffuser son écrit, le lecteur non plus pour lire les articles scientifiques. C’est la voie verte de la science ouverte, par opposition à la voie traditionnelle (publication dans des revues scientifiques accessibles par abonnements uniquement) ou à la voie dorée : le chercheur (ou son institution) paie des frais pour que l’article soit diffusé en ligne en accès ouvert (en plus de payer l’abonnement pour avoir accès aux autres articles de la revue). Dans HAL chaque document se voit attribuer un lien pérenne. La plateforme offre ensuite au chercheur plusieurs possibilités pour exploiter ses documents : il peut générer une liste de publication avec des liens cliquables, il peut aussi se créer un CV … Surtout ce dispositif permet d’accroitre la visibilité des publications en permettant une diffusion

Photo de Thémis Acrivopoulos

beaucoup plus large des produits de la recherche puisque la base HAL est moissonnée par les moteurs de recherche comme Google Scholar.

Même si le dépôt d’articles sur la plateforme HAL s’effectue de manière autonome par les chercheurs nous sommes là pour les accompagner. Un mode d’emploi est aussi disponible sur la plateforme en cas de difficultés.

Comment les chercheurs ont-ils accueilli ce nouvel outil ? Que leur diriez-vous pour les encourager à l’utiliser ?

Les avis concernant HAL sont partagés. Certains chercheurs sont favorables à la mise en ligne de leurs écrits pour des raisons éthiques. Le partage de connaissance, sans entraves économiques, le partage des données également, sont des initiatives qui permettent de faire avancer la science, de favoriser les travaux collaboratifs, d’aller plus loin dans les recherches. C’est aussi pour les chercheurs un moyen d’accroître la visibilité de leur travail.

Par ailleurs, il y a un vrai mouvement national et européen en faveur de la science ouverte. Un mouvement national d’abord avec la loi pour une République numérique (2016) qui redonne des droits au chercheur pour diffuser leurs écrits scientifiques, et cela même si des droits exclusifs ont été accordés à un éditeur. Seulement la loi ne concerne que les postprints des articles publiés dans des revues. Aussi pour déposer le texte intégral il faut avoir conservé la version corrigée de l’article, celle qui précède la mise en page éditeur. Puis en juillet 2018, il y a eu le plan national pour la science ouverte présenté par Frédérique Vidal qui annonce l’obligation de diffusion en accès ouvert pour toute publication issue de travaux de recherche financés par des fonds publics. Les laboratoires ne peuvent pas ignorer ce contexte-là. Malgré tout, certains chercheurs sont encore réticents car ils sont attachés au modèle traditionnel de l’édition scientifique, modèle sur lequel est fondé effectivement tout leur univers de recherche. L’évaluation des chercheurs par exemple valorise encore trop peu l’effort de contribution à la science ouverte. Et dans certains domaines, en SHS par exemple, la publication se fait surtout dans les ouvrages, or la loi pour une république numérique ne concerne pas les monographies. C’est pourquoi on trouvera dans HAL souvent des références bibliographiques malheureusement sans le texte intégral. Enfin, le dépôt dans HAL peut paraître fastidieux et chronophage pour les chercheurs, c’est en effet une action supplémentaire qui se rajoute dans leurs habitudes de travail, même si HAL a été grandement amélioré ces dernières années pour faciliter la prise en main par les chercheurs.

Cependant un des points importants à souligner est le fait que HAL garantit la pérennité des liens et un bon référencement, à l’inverse des réseaux sociaux par exemple qui restent des infrastructures privées, sans garantie de pérennité, lesquelles proposent des possibilités d’exploitation limitées pour les documents

Bref pour mettre en accès libre les publications scientifiques HAL est tout de même un outil gratuit et facile d’utilisation.

Depuis son lancement, quelles sont les disciplines qui utilisent le plus cet outil ?

HAL est globalement utilisé par toutes les disciplines mais de manière différente. En effet, les chercheurs issus des sciences « dures » déposent plus facilement le texte intégral ; leurs publications sont aussi souvent accompagnées de DOI or le dépôt est très facile avec un DOI. Les chercheurs issus des SHS ont tendance à publier davantage des références bibliographiques car ils publient plutôt des ouvrages que des articles et comme leurs articles sont souvent dépourvus de DOI, le travail de référencement est donc plus long. Notre rôle est de leur faciliter la tâche dans la mesure du possible et de les aider à alimenter davantage la base en texte intégral.

À qui les chercheurs de l’URCA peuvent-ils s’adresser s’ils ont besoin d’aide ou de conseils pour utiliser la plateforme HAL ?

Les chercheurs qui souhaitent avoir des renseignements concernant HAL peuvent envoyer leur demande à l’adresse générique .

Nous sommes deux à la bibliothèque à avoir été missionnés plus particulièrement pour le développement de HAL, Jean-Christophe Brochard, présent à Moulin de la Housse, pour les chercheurs en STS et moi sur le campus Croix-Rouge pour les chercheurs en SHS. Souvent les chercheurs (SHS) m’écrivent directement quand ils m’ont identifiée. Derrière l’adresse générique il y a davantage de personnes, afin de pouvoir répondre rapidement. Il y a des relais dans chaque bibliothèque de site: en science, en Santé mais aussi à Troyes. Dans le cas où les laboratoires seraient intéressés pour en savoir davantage sur l’open access ou sur HAL et son fonctionnement ils peuvent nous solliciter [Thémis Acrivopoulos ou Jean-Christophe Brochard]. Nous pourrons alors organiser ensemble un atelier selon leurs disponibilités et selon leurs besoins. Bien sûr nous les recevons aussi individuellement sur RDV.