Rencontre avec Patricia Vazquez

Le Zoom du mois de mai propose des rencontres avec des enseignants-chercheurs de l'URCA qui travaillent également en tant qu'experts évaluateurs pour la Commission européenne.

Patricia Vazquez est chercheuse au sein du laboratoire GEGENA² (Groupe d’Etude sur les Géomatériaux et Environnements Naturels, Anthropiques et Archéologiques) et depuis 2015, elle expertise des propositions de projets FET (Future and Emerging Technologies) du programme Horizon 2020.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Je suis maître de conférences à l’URCA depuis 2012 et je fais partie du GEGENA² dans le groupe Géomatériaux et je travaille sur la durabilité des roches appliquée à la conservation du patrimoine. J’ai fait mes études en Espagne, ma thèse portait sur la pétrophysique des granites et j’ai ensuite fait un post-doctorat à l’Université de Cergy-Pontoise sur le stockage des déchets nucléaires.

Comment êtes-vous devenu expert évaluateur et pour quel type de projet ?

Un collègue m’a informée que la Commission Européenne avait besoin d’experts pour les appels FET (Future and Emerging Technologies) du programme Horizon 2020 et je me suis inscrite sur la base de données des experts évaluateurs de la Commission européenne. Ce n’était pas exactement en rapport avec la pétrophysique, mon domaine d’étude, mais il y a des technologies innovantes qui correspondent à mon champ d’expertise.

J’ai tout d’abord eu envie de devenir expert par curiosité, pour voir ce qui se faisait dans le monde de la recherche mais aussi pour gagner de l’expérience sur ces appels à projets en particulier pour un futur dépôt. La procédure est assez simple, il suffit de s’inscrire sur la plateforme ECAS. Nous devons ensuite créer un profil, remplir des formalités (ajouter notre CV, nos publications) et puis écrire des mots clés permettant à la Commission Européenne de mieux cibler les projets correspondant à notre profil.

En quoi consiste le travail d’un expert évaluateur ?

J’ai d’abord suivi une formation vidéo en ligne pendant une matinée expliquant comment noter les projets. Nous sommes très encadrés, nous avons des guides très précis à suivre et savons les choses qui doivent être mises en avant. L’évaluation des projets se fait à distance. Il y a environ cinq experts par projet, ensuite la moyenne des notes est calculée et d’après ce que j’ai pu observer, seuls les projets atteignant les notes de 14,5 ou 15 sur 15 ont des chances d’être sélectionnés sur ce genre d’appels très compétitifs.

Qu’est-ce que ce travail vous a apporté ?

Ce travail d’évaluation est un enrichissement à la fois sur le plan personnel et professionnel : c’est une vraie plus-value, on apprend beaucoup de choses et ça nous permet d’avoir une vision plus ample de la recherche de manière générale.

C’est aussi l’occasion de rencontrer des partenaires potentiels pour nos futurs projets, et ça nous permet surtout de mieux appréhender les attentes de la Commission Européenne.

J’encourage vraiment les chercheurs à se présenter comme expert-évaluateur auprès de la Commission Européenne : ce n’est pas compliqué et nous sommes très bien guidés dans l’évaluation. Cela permet d’avoir une vision globale de la recherche et donc d’enrichir nos connaissances.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Je rencontre des difficultés lorsqu’un projet n’est pas exactement dans mon domaine d’étude car je dois en amont me renseigner sur l’avancée de l’innovation dans ce domaine et vérifier si le projet correspond à l’appel.

La seconde difficulté, qui découle de la première, est le temps que nous avons pour évaluer un projet. En général, le délai est de deux semaines, ce qui est relativement court, surtout lorsqu’on débute.

Enfin, j’étais un peu effrayée à l’idée de rédiger les rapports en anglais au début (puisque les rapports H2020 sont à rédiger obligatoirement en anglais) mais en fait nous sommes bien encadrés : la Commission Européenne nous fournit des listes de mots-clés et de phrases types pour l’évaluation. Nous avons également une personne de contact qui peut répondre à nos questions et nous aider en cas de difficulté.

Avez-vous des conseils de rédaction pour une proposition réussie ?

Je conseille vraiment aux chercheurs qui rédigent leur projet d’essayer de soigner leur rédaction et d’être le plus clair possible. Il faut toujours garder en tête que le sujet doit être compris par des chercheurs d’autres domaines. Aussi, il ne faut pas négliger le budget qui est une étape très importante du projet. Enfin, dans le cadre des appels FET, je leur conseillerais vivement d’aller plus loin que le minimum requis car la concurrence est rude et dans la plupart des cas, une note moyenne ne suffit pas pour être sélectionné.