Rencontre avec Jean-Hugues Renault

Le Zoom d'avril propose trois interviews de chercheurs participant ou ayant participé à des projets RISE (anciennement IAPP). La première interview est une rencontre avec Jean-Hugues Renault, chercheur au sein de l'ICMR de l'URCA qui a participé au projet IAPP NATPROTEC, la deuxième avec HTM, et la troisième Stéphane Brézillon, tous les deux du projet GLYCANC.

Jean-Hugues Renault

NATPROTEC

Projet 7ème PCRD IAPP : Integrated Technologies for the Discovery and Development of Cosmeceutical Agents from Plant Biodiversity

Organisme d’envoi : URCA - Institut de Chimie Moléculaire de Reims (ICMR)

Organisme d’accueil : Université d’Athènes

Durée du détachement : 2 mois *2

Durée du projet : 48 mois

Coordinateur : Grèce

Pays impliqués : France, Grèce, Autriche, Suisse

Site internet : NATPROTEC

Rencontre avec Jean-Hugues Renault

Jean Hugues RENAULT, Professeur de Pharmacognosie, porteur URCA du projet IAPP Natprotec. Il a effectué deux détachements de 2 mois en Grèce.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Après un DEA de chimie moléculaire à l’université de Nancy, j’ai effectué une thèse en Pharmacognosie à l’URCA, plus particulièrement en chimie séparative appliquées aux substances naturelles. J’ai ensuite été recruté à l’URCA en 1997, ce qui m’a permis depuis d’animer une thématique de recherche au sein d’une unité associée au CNRS, d’être chargé de missions pour le pôle « Biologie Santé » ou encore d’être responsable d’un master pendant près de 18 ans. Je me suis toujours attaché à concilier la recherche fondamentale et la recherche appliquée, ainsi que des activités d’enseignement.

Pouvez-vous nous présenter le projet et le consortium ?

Ce projet RISE a pour but de trouver de nouveaux actifs pour l’industrie cosmétique à partir de la flore méditerranéenne et alpine. Il se termine cette année.

Le consortium du projet est européen (Grèce, France, Suisse, Autriche) et il est piloté par l’Université d’Athènes. Nous avons des partenaires académiques et industriels dans chacun des pays impliqués.

Nous avons intégré ce consortium de façon imprévue : une de nos doctorantes avait établi un premier contact avec le prestigieux laboratoire de Pharmacognosie du Professeur Skaltsounis de l’Université d’Athènes afin d’y effectuer un post-doctorat. Elle n’y est finalement pas allée mais nous avons quand même décidé de monter un projet RISE ensemble.

Quels sont les apports personnels et professionnels de cette mobilité ?

Il y a tout d’abord le fait d’être en immersion pendant plusieurs mois dans un autre pays et dans un autre secteur. J’ai été détaché deux mois, d’abord chez Korres puis à l’Université d’Athènes. Les deux entités ont des relations très fortes. J’ai pu voir de l’intérieur le fonctionnement R&D d’une industrie cosmétique de ce segment de marché, quels sont leurs contraintes et leurs critères.

Au niveau personnel, j’ai rencontré des personnes qui sont à présent des amis, j’y retourne au moins deux fois par an, je suis tombé amoureux de ce pays.

Il y a également une dimension socio-politique, j’ai une lecture plus pertinente des évènements qui se passent en Grèce en ce moment. Pour les collègues grecs, les projets européens sont une question de survie et ils s’y investissent totalement.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

En Grèce, les formalités administratives sont très lourdes à gérer, notamment dans ce contexte de crise. Le post-doc de l’URCA qui est parti en Grèce pour une durée de 9 mois a dû faire face à délais imprévus avant d’obtenir son salaire, ce qui peut être problématique. Mais ces difficultés ont été compensées par l’accueil reçu. Il est important d’être bien intégré, surtout lorsqu’on laisse une famille dans son pays d’origine pendant des mois. De mon côté, lors de mes détachements de 2 mois en Grèce, j’ai été accompagné pour trouver un logement. Pour ce qui est de la langue, ce n’est pas un problème dans la mesure où tout le monde parle anglais.

Que retenez-vous de votre participation à un projet RISE ?

Je trouve qu’il y a une réelle plus-value dans ce type de projet car il permet des transferts croisés entre les secteurs privés et académiques. Les industriels sont accompagnés par des universitaires pour la R&D et les universitaires comprennent et intègrent mieux les attentes du monde industriel.

Par contre, c’est assez lourd administrativement. Il est nécessaire d’avoir du soutien administratif et surtout de pouvoir s’adapter, tout en restant extrêmement rigoureux en cas d’audit. A ce titre, je tiens tout particulièrement à remercier la cellule « Relations Internationales » de l’URCA ainsi que les collègues grecs pour leur aide !

Le mot de la fin?

L’histoire continue… nous avons déjà monté un autre projet européen RISE nommé « Microsmetics », entre la Grèce, l’URCA et des partenaires espagnols, et si nous pouvons monter un troisième projet, nous le ferons! Une réelle collaboration est née entre nos deux laboratoires.

Pour ceux qui voudraient se lancer dans un projet Marie Curie, il faut y aller. C’est extrêmement enrichissant humainement et scientifiquement. La preuve, c’est que nous y retournons.