Nous avons interrogé Laura Lohéac, directrice exécutive du programme PAUSE, et Hélène Jarry ingénieure de projets en charge de l'insertion professionnelle.
Pouvez-vous nous décrire les objectifs du programme PAUSE ?
Le Programme national d’aide à l’Accueil en Urgence des Scientifiques en Exil (PAUSE), créé le 16 janvier 2017, a pour objectif de venir en aide aux chercheurs en danger en accordant des financements incitatifs aux établissements d’enseignement supérieur et aux organismes de recherche publics projetant d’accueillir des scientifiques en situation d’urgence et de les accompagner dans leurs démarches. La plupart des établissements sont directement sollicités par des chercheurs en danger ou identifient des candidats au sein de leur propre réseau.
Toutefois, le programme PAUSE recense également un grand nombre de scientifiques étrangers n’ayant aucun contact au sein des réseaux scientifiques et académiques français. Ainsi, un espace de mise en relation permet aux établissements français volontaires pour l’accueil d’un chercheur de consulter une liste de profils de scientifiques dits « isolés ». Si l’un des profils intéresse l’établissement, ce dernier contacte l’équipe exécutive du programme Pause pour une mise en contact.
Quels sont les avantages pour les établissements français d’accueillir un chercheur en exil ?
Au-delà du devoir éthique face à des situations individuelles souvent dramatiques, la solidarité avec les scientifiques étrangers en situation d’urgence constitue une ressource de savoirs d’un intérêt majeur pour le monde académique et la recherche scientifique et, au-delà, la société dans son ensemble. L’accueil d’un chercheur étranger enrichit le capital scientifique de nos laboratoires et participe au rayonnement de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’étranger.
Enfin, le programme Pause représente un soutien financier non négligeable puisque la subvention de co-financement allouée représente 60% du montant total du budget présenté par l’établissement d’accueil. Un co-financement à hauteur de 80% peut être alloué aux établissements présentant plus d’une candidature par appel.
À quelles disciplines appartiennent les chercheurs en exil ? Quel profil ont-ils ?
Les chercheurs en exil accueillis dans le cadre du programme Pause sont issus de toutes les filières et disciplines. En termes de proportion, 2/3 d’entre eux sont spécialisés en SHS, et 1/3 en sciences exactes (sciences & technologies, médecine, matériaux, biologie, etc). Cette forte représentation des sciences humaines et sociales s’explique par le fait que les chercheurs en sciences politiques, philosophie, sociologie sont souvent plus engagés et donc plus ciblés par les régimes politiques (surtout en Turquie). En termes de parité, le programme accueille quasiment autant de femmes que d’hommes parmi les lauréats, toutes nationalités confondues. Enfin, les statuts scientifiques de ces universitaires sont également très variés, avec 1/3 de doctorants, 1/3 de post-doctorants et maîtres de conférence et enfin 1/3 de chercheurs confirmés.
Où trouver les demandes d'emploi de chercheurs étrangers souhaitant bénéficier du programme PAUSE pour venir en France?
Le site du collège de France possède une plateforme dédiée. Sur cette plateforme sont listés, de manière anonyme, tous les chercheurs ayant contacté le programme, et sont indiquées leur discipline et les langues parlées. Les établissements intéressés peuvent contacter les membres du programme PAUSE si un ou des profils les intéressent et sont ensuite mis en relation avec les chercheurs. concernés. Certains chercheurs ont contacté directement des établissements français car ils avaient des réseaux à la suite d’études faites en France par exemple. Pour ceux qui ne disposent pas de réseau en France, il est plus compliqué de trouver un établissement : d’où l’importance de la plateforme et du travail de mise en relation.