Novembre 2021: Interview de Marie-Stéphanie Abouna, coordinatrice scientifique du projet E-WINS

INTERVIEW DE MARIE-STEPHANIE ABOUNA, COORDINATRICE SCIENTIFIQUE DU PROJET ERASMUS+SPORT E-WINS

Pourriez-vous vous présenter brièvement, et nous parler de vos activités de recherche ?

Je suis maître de conférences en sociologie à l'ILEPS (l'Ecole supérieure des métiers du sport et de l'enseignement) qui est rattachée l'Institut catholique de Paris et à CY Cergy Paris Université à Cergy. J'ai un sujet de recherche en lien avec le sport puisque j'ai fait ma thèse sur le football féminin en France. Cela m’a permis de monter le projet Eramus+ Sport E-WINS (European Women in Sport : For adaptive governance of women's sports practices) dans lequel je suis la responsable scientifique. Je suis aussi partenaire du projet Erasmus+ "SWost"(Sport without stereotyps). J’ai également des projets nationaux. Enfin, je suis responsable des relations internationales de l’ILEPS depuis septembre.

MARIE-STÉPHANIE ABOUNA, COORDINATRICE SCIENTIFIQUE DU PROJET E-WINS

Pourriez-vous nous parler de votre projet E-WINS ?

Nous avons démarré le projet le 1er janvier 2021. E-WINS est un projet collaboratif, ce qui est un avantage puisqu'il faut que tous les partenaires participent. L'un des principaux objectifs de ce projet est de démontrer l'importance de l'implication des femmes dans la gouvernance des clubs, dans l'entraînement et dans la formation aussi bien pour les athlètes professionnelles que les amateurs. Il vise également à mettre en lumière la nécessité de comprendre et d'adapter la prise de décision dans le sport aux caractéristiques des femmes. Néanmoins, étant donné que nous ne pouvions pas travailler sur tous les sports, nous avons fait une entrée par le football féminin en précisant bien sûr lors du dépôt de projet, que nous allions travailler sur d'autres pratiques sportives.

Afin de répondre à ces objectifs, trois axes de travail ont été définis :

1/ le modèle économique et l'organisation quotidienne des femmes dans le sport ;

2/ le développement et la gestion des performances sportives féminines ;

3/ les pratiques de communication pour une meilleure visibilité des femmes dans le sport. L'idée est d'identifier les bonnes pratiques dans les différents pays avec pour objectif final de les partager au sein d’un observatoire.

Le projet fonctionne en 6 Work Package (WP) avec un leader et un co-leader pour chacun d’entre eux.

Nous sommes 8 partenaires venant de 6 pays. L'ILEPS porte le projet scientifiquement et CY le porte administrativement. Du côté des universitaires, l'Université de Staffordshire (Angleterre), l'Université catholique de Murcie (UCAM, Espagne), l’Akademia Wychowania Fizycznego (Pologne) et la National Sports Academy Vassil Levski (Bulgarie) sont impliquées. Nous avons trois acteurs de terrain ; les clubs de foot « Jalkapalloseura FC Hertta ry » (Finlande) et Pradniczanka (Pologne) ainsi que l’association « Little Miss Soccer » (France).

Comment avez-vous formé le consortium ? Quels conseils pourriez-vous donner à des chercheurs sur ce sujet ?

Grâce au pôle des relations internationales de l’Ileps, j'ai pu développer un réseau important. Lorsque nous avions une convention avec une université, nous en profitions pour présenter nos sujets de recherche pour voir si des chercheurs étaient intéressés, ce qui a bien fonctionné.

Aussi, dans le cadre de notre master Economie de Gestion, option management du sport, nous avons des séminaires internationaux pour nos étudiants. J'ai ainsi pu élargir mon réseau de chercheurs internationaux puisque chaque fois que j’en rencontrais, je leur parlais de ce potentiel sujet. Nous avons aussi trouvé des partenaires via le réseau EUTOPIA de CY.

J'ai eu les premières informations détaillées lors de la journée d’information sur le programme Erasmus + Sport organisée par le Point contact national en septembre 2019. J'y ai rencontré pour la première fois Aurélie Bezault à qui j’ai fait part de mes idées de projet. J’ai ensuite participé à Erasmus + Sport Info day 2020 organisé par L’EACEA en janvier 2020.

Au-delà des exigences au niveau de la dissémination, Erasmus+ sport demande également des partenaires acteurs de terrain. J'ai donc demandé à mes collègues partenaires s'ils pouvaient trouver un club dans leurs pays respectifs. Nous avons aussi trouvé un club en Finlande grâce à notre pôle des relations internationales.

Quelle est selon vous la force de votre projet ?

La force de notre projet, comme cela a été signalé dans l'expertise, est que le réseau n'était pas construit artificiellement. Nous avons déjà eu quelques collaborations avant le projet et cela a été apprécié.

Au-delà de ça, nous avions fait un état des lieux précis dans chaque pays partenaire. Il faut montrer qu'il y a déjà une base. J'ai demandé beaucoup d'informations aux partenaires qui m'ont permis justement d'asseoir le contexte du projet et de le justifier. Par exemple : quel est le sport le plus féminisé dans chaque pays ? Combien y a-t-il de femmes et d'hommes ? Les partenaires se sont impliqués dès le départ et je le vois aussi aujourd'hui à travers leur participation active… : tout se passe très bien ! Pour ce type de projet, il faut faire confiance aux personnes et savoir à qui on confie telle ou telle mission. Si on manque cette étape, le projet peut être hypothéqué dans sa mise en œuvre.

Aussi, notre équipe universitaire pluridisciplinaire, alliant sociologie, physiologie, psychologie, philosophie, a également été appréciée par les experts.

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