Mars 2018 - Entretien avec Bernard Kurek

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Bernard Kurek, directeur du laboratoire FARE (UMR INRA 614), coordonne la participation de l'unité dans le projet bio-industries (BBI) ZELCOR porté par l'INRA.

Intitulé du projet : Zero Waste Ligno-Cellulosic Biorefineries by Integrated Lignin Valorisation

Appel : BBI.VC1.R1-2015 - Conversion of lignin-rich streams from biorefineries

Budget total : 6.7 M€

Consortium : 18 partenaires en Finlande, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, France, Allemagne et Suisse, dont 6 partenaires académiques, 8 PME et 3 grands groupes.

Consortium Zelcor

Pouvez-vous vous présenter (fonction, parcours…) ?

Je suis directeur de recherche INRA, biochimiste, moléculariste et microbiologiste de formation (Universités Louis Pasteur de Strasbourg et Paris VII Jussieu). Mes activités scientifiques sont relatives aux procédés de valorisation des lignocelluloses: mécanismes de la dégradation des lignines et de son oxydation par les enzymes et systèmes abiotiques; mécanismes du défibrage pour la production de fibres et dans la mise en œuvre de composites agrosourcés; modifications et fonctionnalisation des lignocelluloses et de molécules par l’oxygène activé à finalité matériaux. Mes contacts avec les industriels et professionnels sont variés: chanvriers ; liniers ; forestiers ; papetiers ; plasturgistes ; équipementiers automobile.

J’ai passé 10 ans à l’INRA au Centre de Grignon avant de venir en Champagne Ardenne à la création de l’Unité INRA de Reims, en 1997. Cette structure a évolué vers une UMR fondée en 2001 (UMR INRA-URCA FARE), dont je suis le directeur depuis bientôt 10 ans.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet ZELCOR ?

Le projet ZELCOR vise à démontrer la possibilité de transformer les résidus lignocellulosiques issus des bioraffineries en bioproduits d’intérêt commercial et à haute valeur ajoutée: nanoparticules multifonctionnelles, antioxydants phénoliques ; chitosans d’origine entomologique ; intermédiaires aromatiques. L’évaluation de la durabilité et de la sécurité de la chaîne de valeur ainsi que la montée en échelle des procédés sont aussi des objectifs de Zelcor.
Le concept du projet consiste à combiner des catalyses chimiques et enzymatiques avec la bioconversion basée sur des insectes. Il couvre trois types de matériaux récalcitrants à la transformation : la lignocellulose issue de la production d’éthanol, les lignines de divers procédés de pulpage et les humines formées lors du bioraffinage du végétal.
Le projet fait appel à l’ingénierie enzymatique et l’ingénierie des procédés pour concevoir des routes de conversions efficaces et respectueuses de l’environnement.

FARE intervient principalement sur les volets des nanoparticules de lignines et des matériaux nanostructurés multifonctionnels. L’Unité est également en charge de la réalisation d’un livre de connaissance électronique sur les lignines.

FARE assure aussi la coordination d’un working package transversal sur l’identification des cibles de valorisation et sur le transfert des résultats des laboratoires partenaires vers les industriels pour les changements d’échelle.

En tant que leader sur un working package en quoi consiste votre rôle?

Mon activité de working package leader est d’assurer une animation scientifique au sein du consortium pour faciliter l’atteinte des objectifs du projet. Je dois veiller au bon déroulement du WP et anticiper tout risque scientifique, technique et organisationnel qui peut amener à une dérive par rapport à la feuille de route initiale du projet.

Le WP leader est aussi membre du comité de pilotage de Zelcor pour faire le lien avec les autres WP leaders et disposer d’une vision globale du projet. Ceci me permet de proposer et justifier les changements et ajustements d’objectifs qui peuvent s’avérer nécessaires pour le bon déroulement du projet. Je suis aussi en charge du reporting vers le coordinateur qui doit rendre compte à temps et dans un format très strict au consortium du BBI et à l’Europe.

Quels sont selon vous les intérêts d’un projet BBI ?

Les intérêts de participer à un consortium de ce type regroupant 6 institutions académiques, 3 centres de transfert et 8 industriels sont multiples : i/ être acteurs pour nos établissements INRA et URCA de la dynamique européenne des grands enjeux partagés de la bioraffinerie ; ii/ pour l’Unité, pouvoir proposer nos solutions originales et les confronter aux réalités industrielles; iii/ pour les membres de FARE, montrer leur expertise et établir de nouvelles collaborations de haut niveau avec d’autres leaders sur leurs sujets et de rentrer dans de nouveaux réseaux Européens.