Juin 2018 - Entretien avec Hacène Fouchal et Marwane Ayaida

Rencontre avec Hacène Fouchal et Marwane Ayaida, enseignants chercheurs dans le domaine des TIC et porteurs de 4 projets financés dans le cadre du programme CEF – Connecting Europe Facility de la DG Transport de la Commission européenne partagent leur expérience de ces projets européens ambitieux :

TESTFEST - Voitures
TESTFEST - Panneaux Reims
TESTFEST - Drapeaux

Pouvez-vous nous présenter vos thématiques de recherche et vos parcours respectifs ?

Marwane : « J’ai réalisé une thèse en informatique à l’URCA, financée dans le cadre du projet Interreg France Wallonie Flandre Connect 2 All (C2A), puis j’ai travaillé en tant qu’ATER pendant un an avant d’obtenir un poste de Maître de conférences en 2013. Mes thématiques de recherche portent sur les réseaux sans fil, les réseaux de capteurs, les réseaux véhiculaires et les systèmes embarqués en robotique. »

Hacène : « J’ai obtenu mon doctorat en informatique en 1995 à Paris 7 et je suis devenu Maître de conférences la même année à l’URCA. J’ai obtenu mon HDR en 2001, j’ai obtenu un poste de professeur en 2004 à l’université des Antilles et de la Guyane avant de revenir à l’URCA en 2009. Mes activités de recherche sont centrées autour sur les réseaux informatiques, des réseaux sans fil, des systèmes de transport intelligents, des tests et vérification et de la sécurité des réseaux »

Pouvez-vous nous présenter les trois projets CEF dans lesquels vous êtes impliqués ? En quoi sont-ils différents ?

Nous sommes partenaires de trois projets financés par le programme CEF Transport : Scoop@F, C-ROADS et InterCor. Ils traitent tous des systèmes de transport intelligent coopératifs (C-ITS) et consistent tout d’abord à expérimenter et valider ces systèmes puis à collecter des données pour les évaluer. La recherche dans le domaine des C-ITS est assez avancée depuis une dizaine d’années, de même que la normalisation des protocoles de communication.

Les industriels en sont à l’étape de pré-déploiement de ces technologies et ils doivent donc les tester à l’échelle réelle pour valider les systèmes et parfois revenir en arrière, à l’étape de la normalisation, voire à la recherche, pour améliorer ou modifier certains aspects qui n’ont pas été traités auparavant. C’est notamment ce que nous faisons sur Scoop@F.

En parallèle, l’Union européenne veut garantir que les normes mises en place permettent l’interopérabilité des systèmes. Le projet InterCor porte donc sur cette problématique afin que les véhicules équipés de systèmes embarqués puissent fonctionner d’un pays à l’autre. Nous sommes impliqués dans ce projet essentiellement pour les parties validation, évaluation, sécurité et réseaux cellulaires.

Le dernier projet, C-ROADS (pour Connecting Roads), a pour objectif de fournir un cadre général à tous les pays européens. Il s’agit d’une plateforme ouverte au sein de laquelle travaillent les représentants des activités de déploiement de C-ITS dans toute l’Europe. Chaque pays dispose d’un projet propre. Nous sommes impliqués dans ce projet essentiellement pour les parties validation, évaluation, sécurité et spécification de nouveaux services.

Comment avez-vous été intégrés dans ces projets ?

Hacène : "Nous nous sommes intéressés au premier projet des C-ITS français intitulé SCOREF et à l’occasion de la démonstration finale du projet, Marwane a rencontré le responsable Innovation à la SANEF qui a évoqué la préparation d’un projet européen sur le sujet.

Or j’ai collaboré avec ce responsable dans la cadre d’un projet FP7 (non retenu) en 2012. J’ai recontacté ce responsable pour savoir si nos compétences pouvaient être utiles pour le projet SCOOP@F et nous avons été invités aux réunions de préparation pour prendre en charge la partie test et vérification des systèmes.

Le projet SCOOP@F a donné lieu à une suite car les résultats attendus ont pris plus de temps que prévu et les deux autres projets C-ROADS et InterCor ont été déposés sur les appels apparus en 2016."

Quelles sont les retombées des projets ?

La subvention couvre 50% des coûts éligibles sur le projet et malgré les contraintes (déclaration des fiches de temps, dépenses ciblées, etc.) les retombées positives sont nombreuses : nous sommes montés en compétence sur différentes aspects des C-ITS, nous collaborons avec tous les acteurs majeurs des C-ITS français et européens, nous avons aussi représenté la France en 2017 dans le groupe de travail « Compliance assessment » de la C-ITS Plateform qui fixe les stratégies futures du véhicule intelligent. Récemment, nous avons intégré un groupe de travail sur les véhicules autonomes décidé par la ministre auprès du ministre d’état, de la transition écologique et solidaire chargée des transports, dans lequel nous sommes les seuls universitaires avec l’IFSTTAR et Telecom ParisTech.

Ces projets nous ont également permis de travailler avec des industriels comme la SANEF, Renault, PSA, et de développer un réseau conséquent et par la suite de pouvoir déposer d’autres projets. Nous sommes en préparation d’une thèse CIFRE avec la SANEF.

Enfin, deux ingénieurs recrutés sur ces projets (Emilien Bourdy et Geoffrey Wilhelm) vont soutenir leurs thèses en décembre sur des sujets en lien avec le Big Data dans les réseaux véhiculaires et les Clouds véhiculaires. Deux autres doctorant (Brice Leblanc et Kevin Thomas) ont commencé leurs thèses en 2017.

L’URCA a accueilli un TESTFEST le mois dernier dans le cadre d’InterCor, pouvez-vous nous en dire plus sur cet évènement ?

Il s’agit d’un grand rassemblement des acteurs des C-ITS au cours duquel nous testons les systèmes embarqués dans les véhicules en uitlisant différents scénarios de sécurité (alerte chantier, personnes sur les voies, etc.). L’objectif est de valider l’utilisation des infrastructures de sécurité (dénomées PKI- Public Key Infrastructure) qui doivent garantir l’intégrité et l’authenticité des messages échangés entre les stations C-ITS. 144 participants de 11 nationalités représentant plus de 25 institutions ont assisté à cette deuxième édition (la première avait eu lieu en 2017 aux Pays-Bas) avec une vingtaine de véhicules connectés qui ont circulé autour de Reims pendant une semaine.

Nous avons pu collecter une très grande quantité de données qui vont nous permettre d’avancer considérablement sur la mise en place de méthodologies d’évaluation des systèmes C-ITS et d’envisager de nouvelles perspectives dans la poursuite de notre travail.


Communiqué de presse du TESTFEST

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