Février 2022: Interview de M.Bouc, coordinateur du partenariat Water4All

Interview d'Olivier Bouc, coordinateur du partenariat Water4All

Pouvez-vous vous présenter (fonction, parcours…) ?

Photo de M. Bouc(jpg,687Ko)

Je travaille à l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Depuis septembre 2020, je pilote le développement du partenariat Water4All, qui est porté par l’ANR. Dès que la contractualisation du partenariat sera achevée, j’en deviendrai officiellement le coordinateur.

J’ai une formation initiale d’ingénieur généraliste. J’ai travaillé une quinzaine d’années au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) où j’ai exercé des responsabilités managériales et de chef de projet.

Pouvez-vous nous parler du partenariat Water4All ? Quelles sont les différences avec son prédécesseur JPI Water (Joint Programming Initiative) ?

Au sein du programme Horizon Europe, Water4All est un partenariat co-financé, c’est-à-dire que la Commission européenne et les Etats participants apportent chacun une part de financement. En l’occurrence, la Commission contribuera à hauteur de 30%. Le partenariat devrait être actif de 2022 à 2027, avec un appel à projets par an.

L’eau est présente partout (pour la santé, l’agriculture, la production industrielle…) et du fait de son omniprésence, son traitement est fractionné. Pour traiter le sujet de manière intégratrice, Water4All se nourrit de plusieurs initiatives antérieures - la water JPI, Water Europe, la plateforme européenne d’innovation sur l’eau -, et va au-delà de ce qui a déjà été fait en rassemblant une plus grande variété d’acteurs. Water4All débute avec plus de 75 partenaires, et comprend différentes catégories d’acteurs :

  • Les agences de financement de la recherche et de l’innovation (comme l’ANR)
  • Les Ministères thématiques (comme le ministère de l’environnement de huit pays)
  • Les collectivités locales (le partenariat compte 1 région et 2 métropoles)
  • Les réseaux européens (comme Water Europe)
  • Les réseaux et associations nationales ou régionales (comme le pôle de compétitivité sur l’eau France Water Team)
  • Les organismes de recherche

Le partenariat couvre également une grande variété d’activités. Nous n’allons pas nous limiter à des appels à projets de recherche, nous allons aussi conduire toute une série d’activités pour favoriser le transfert de la production scientifique vers la sphère décisionnelle. L’objectif est d’augmenter l’impact des travaux de recherche. Dans ce cadre, un volet de formation sera mis en place à destination des décideurs, mais aussi des chercheurs, pour les aider à transposer les résultats de leurs travaux dans la sphère politique. Des échanges entre les différents porteurs de projets seront également organisés en fin de programme pour élaborer des recommandations communes à destination des décideurs politiques.

Pouvez-vous nous expliquer le rôle de l’ANR dans le partenariat Water4All? Quelles sont vos missions dans ce cadre?

L’ANR assurait le secrétariat de la water JPI. Elle a œuvré pour la mise en place du partenariat Water4All et porte aujourd’hui la proposition déposée à la Commission européenne. Elle sera la coordinatrice du partenariat et en assurera le secrétariat. En tant que participante, elle lancera également des appels à projets avec ses homologues.

Dans mon rôle de coordinateur du partenariat, je suis le représentant officiel du consortium auprès de la Commission. Dans les instances de mise en place du partenariat, j’ai la charge du suivi contractuel, du respect du programme de travail et de la rédaction du plan d’activité annuel (l’ensemble des décisions revient in fine au consortium). J’ai aussi un rôle de promotion de l’initiative : à la fois dans l’écosystème recherche et innovation (avec les autres partenariats comme Biodiversa+, Mission Océan & Eaux…) mais aussi auprès des acteurs de l’eau (ministères, agences …).

Pouvez-vous nous parler de l’appel à projets qui va s’ouvrir dans le courant du mois de février « Management of water resources for increased resilience, adaptation and mitigation to hydroclimatic extreme events » ?

Sur les 6 prochaines années, nous allons lancer un appel à projets par an. Water4All s’organise autour d’un agenda stratégique de recherche et d’innovation, où nous avons identifié 7 thèmes:

  • L’eau pour l’économie circulaire
  • L’eau pour les écosystèmes et la biodiversité
  • La gestion durable de l’eau
  • L’eau et la santé
  • Les infrastructures de l’eau
  • La coopération internationale
  • La gouvernance

Pour savoir quel(s) thème(s) traiter en priorité, les agences de financement ont organisé des discussions internes, auxquelles le comité scientifique de la water JPI a également participé. Compte tenu de l’accentuation des risques due au réchauffement climatique, nous avons finalement axé l’appel à projet sur les évènements hydro climatiques extrêmes. L’enjeu est d’arriver à mieux comprendre ces évènements pour être en capacité de s’y adapter. On cherche des projets capables de produire des connaissances et des outils qui permettront aux décideurs publics de mieux gérer les risques liés à l’eau.

Chaque appel peut couvrir un niveau de TRL (Technology Readiness Level) différent, en allant de la recherche fondamentale à un niveau de TRL élevé.

Quels sont les avantages d’une participation à un tel appel à projets?

Au-delà des financements, participer à un appel à projets international, permet à un chercheur d’intégrer ou de consolider des réseaux européens. On constate un effet d’entraînement par l’intégration dans de tels réseaux ; les chercheurs sont plus susceptibles d’être sollicités par la suite pour de nouveaux projets.

De plus, la composante internationale du partenariat donne une grande visibilité aux travaux de recherches sélectionnés. Elle permet aussi de toucher une large communauté d’acteurs et d’utilisateurs potentiels des résultats, ce qui amplifie les retombées du projet.

Avez-vous des conseils à donner aux chercheurs qui souhaiteraient déposer et/ou participer à l’appel à projets ?

L’ensemble des conditions pour participer sera publié à l’ouverture de l’appel. Je conseille de bien lire les conditions d’éligibilité et de financement, qui seront propres à chaque pays ! Les projets doivent nécessairement être constitués d’au moins 3 partenaires parmi les pays qui participent à l’appel, dont au moins 2 partenaires membres de l’UE ou associés à Horizon Europe.

Je conseille également d’apporter un soin particulier à la rédaction de l’impact des projets de recherche. Avoir une recherche qui créer de l’impact est un véritable mot d’ordre du programme Horizon Europe. Il existe différentes façons de créer de l’impact : au-delà de l’impact scientifique il peut y avoir un impact économique et sociétal.