Décembre 2018/Janvier 2019 - Entretien avec Mariama Cottrant

Le programme Technologies Futures et Emergentes (FET) et l’instrument FET Open - Interview de Mariama COTTRANT

Portrait Mariama Cottrant
En tant que membre du PCN FET, pouvez-vous décrire votre rôle et le but du PCN ?

Le rôle du Point de Contact National (P.C.N.) est d’informer la communauté scientifique sur les appels à projets à venir : expliquer les financements, la manière dont les projets sont évalués, rappeler les échéances à venir, aiguiller sur le contenu des dossiers… Le but du P.C.N. et de ses membres est donc d’accompagner les porteurs de projets. Les membres du P.C.N. sont des personnes qui viennent de différents établissements supérieurs et qui consacrent entre 10% et 20% de leur temps à leur rôle au sein du P.C.N.

Quels conseils donneriez-vous à un porteur de projet universitaire qui souhaite répondre à un appel FET ?

Le premier conseil que je peux donner est de bien lire le contenu du programme de travail sur les appels FET Open et Proactive (ce sont les deux principaux instruments pouvant concerner les universités). Le second conseil est d’ aller voir la boîte à outils du P.C.N. FET qui est disponible sur le site Horizon 2020 du ministère. Cette boîte à outils permet de découvrir des exemples de projets avec des témoignages de lauréats, de voir des présentations sur des points précis liés au programme, comme les « gatekeepers » par exemple, ou des analyses de rapports d’évaluation… Et enfin je leur recommande de prendre contact avec les chargés de projets européens de leur établissement. Ils les accompagneront sur toute la partie administrative et financière de leur projet et s’assureront que leur projet rentre bien dans le cadre du programme FET.

Quels sont les points forts et les points faibles de l’instrument FET OPEN ?

Selon moi, le plus gros point fort de l’instrument FET Open est le fait qu’il est ouvert à toutes les disciplines, sans aucune restriction thématique, à travers des appels blancs. Ainsi les chercheurs sont vraiment libres de proposer ce qu’ils veulent. C’est d’ailleurs l’esprit des appels FET Open, qui encouragent les projets un peu fous, bien au-delà de ce qui est en général attendu dans les autres financements. Il s’agit d’imaginer les technologies qui se développeront d’ici 10 à 15 ans, et de proposer un projet crédible pour tenter d’apporter une preuve de concept.

D’un point de vue administratif, je vois aussi plusieurs points forts. Dans le formulaire pour répondre à un appel à projets FET, la partie concernant la description du projet est limitée à 15 pages, ce qui est un format assez court. L’effort de rédaction est donc plus léger comparé à certains autres appels. De plus, le but des appels FET n’est pas d’avoir une couverture géographique très large ce qui permet de postuler avec un consortium relativement petit. En moyenne le consortium d’un appel FET est de 4 à 6 partenaires.

Le principal inconvénient de ce programme est finalement lié à ses points forts ! Ce programme est très populaire et il y a donc beaucoup de candidatures. Cela a entrainé un taux de succès assez faible sur les premiers appels.

En effet, le taux de réussite pour les premiers appels FET Open était très faible. Comment l’expliquez-vous ?

Le programme FET Open a été lancé en 2014. Quand les premiers appels sont sortis en 2014 et 2015, il y a eu un effet très attractif et donc une compétition très forte. Les budgets pour les appels de l’époque étaient aussi moins élevés. Par exemple en 2015, les deux appels avaient un budget de 38.5 millions d’euros chacun et le nombre de candidatures reçues oscillait entre 600 et 700. Mais au fur et à mesure des appels, le budget a augmenté et le nombre de candidatures a diminué. Pour le dernier appel à projets de mai 2018, le budget était de 123.7 millions d’euros et le taux de succès a atteint environ 11%. Ce taux de succès devrait encore augmenter pour les prochains appels car le budget sera encore plus élevé sur les deux prochains appels en 2019 (160.4 millions d’euros chacun) pour atteindre 203 millions d’euros pour le dernier appel en 2020. C’est donc le meilleur moment pour candidater !

Concernant le futur du programme FET, sera-t-il reconduit sur le prochain cadre (Horizon Europe) ? Et sous quelle forme ?

Les discussions sont encore en cours concernant le prochain programme-cadre « Horizon Europe ». Mais nous disposons déjà de plusieurs informations. Nous savons que le programme FET ne fera plus partie du pilier 1 « Excellence scientifique » (le volet des ERC et des actions Marie Curie) mais qu’il sera placé dans le futur 3ème pilier intitulé « open innovation ». Il sera intégré au sein du Conseil européen de l’innovation (EIC). Le FET Open et FET Proactive devraient disparaitre et être regroupés sous la forme d’un nouvel instrument : le « pathfinder ». Cet instrument devrait couvrir des projets ayant un TRL (niveau de maturité technologique) allant de 1 à 4/5. Cependant nous n’avons pas encore d’informations sur les modalités pratiques de cet instrument, ni sur le montant de son enveloppe qui est encore en cours de négociation. Mais la recherche fondamentale aura toute sa place dans ce futur instrument.

Pour conclure que faut-il retenir de l’instrument FET Open?

Que c’est le moment d’y aller ! L’instrument FET Open est un programme rare puisque c’est le seul du programme Horizon 2020 à proposer des appels blancs collaboratifs. Les universités ont absolument leur place dans les appels FET Open et en sont d’ailleurs les premières bénéficiaires au niveau européen. Comme indiqué précédemment, le taux de succès a augmenté et devrait continuer de croître. Même si le programme Horizon 2020 se termine en 2020, les projets pourront aller jusqu’en 2024 grâce au dernier appel. De plus il n’y pas de limite dans le nombre de soumission des projets : ils peuvent être resoumis autant de fois que souhaité. Il ne faut donc pas hésiter et se lancer !

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