Avril/Mai 2020 : Entretien avec Cédric Jacquard sur le projet BacPlant

Photo du consortium du projet BACPLANT

Portrait de Cédric Jacquard

Je suis maitre de conférences à l’UFR Sciences Exactes et Naturelles, membre de l’unité de recherche Résistances Induites et Bioprotection des Plantes. J’ai été recruté en 2008 après avoir effectué ma thèse à Reims, puis avoir réalisé un stage postdoctoral à Wageningen aux Pays-Bas. Je travaille en biologie et physiologie végétales. Je m’intéresse à l’impact de stress et/ou de micro-organismes (bénéfiques ou pathogènes) sur le développement reproducteur des plantes (vigne et céréales). Nous travaillons aussi sur l’utilisation de la lutte biologique, en substitution ou en complément de l’utilisation de produits phytosanitaires, pour lutter contre les maladies des plantes.

Logo du programme Arimnet2

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’appel à projets que le programme ARIMNet2 proposait et comment avez-vous eu connaissance de ce programme ? Comment avez-vous constitué un consortium avec des équipes du pourtour méditerranéen ?

Le programme ARIMNet2 était un programme qui visait à renforcer la coordination de la recherche agronomique autour du bassin méditerranéen. Cet appel encourageait également à renforcer et développer la coopération et les synergies entre les chercheurs et les agriculteurs. Il nous paraissait donc tout à fait opportun et légitime de postuler à cet appel. Travaillant déjà depuis plusieurs années avec des partenaires marocains et tunisiens, le consortium était, donc en partie, déjà constitué avant même l’appel à projet. Nous avions eu connaissance de ce projet via la veille régulière effectuée pour identifier des sources potentielles de financement pour nos travaux de recherche. Le montage de projet est relativement lourd, mais pas n'est pas différent d'autres appels à projets ANR.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet BacPlant et préciser le rôle de l’URCA dans celui-ci ?

Le projet BacPlant consistait à identifier de nouvelles souches de micro-organismes bénéfiques, isolées de sols agricoles en France, Tunisie et Maroc, afin de lutter contre les maladies du blé (la septoriose et l’oidïum notamment). Nous visions à augmenter la tolérance des plantes aux maladies dans un contexte de changement climatique (augmentation de température et sècheresse). Nous étions l’équipe coordinatrice de ce projet.

Au niveau scientifique, comment se passe l’échange avec les équipes marocaines et tunisiennes ? Vous rendez-vous régulièrement dans le pays de vos partenaires pour des réunions/activités scientifiques ? Quel type de reporting est attendu ?

Au niveau scientifique, la coopération s’est très bien passée. Nous avons organisé une réunion physique par an. Afin que chaque Pays soit concerné, elle se sont tenues en France, au Maroc et en Tunisie. Nous échangions régulièrement par visioconférence et emails. Nous avions également recruté une postdoctante qui a réalisé ses expérimentations à Reims et à Calais et qui s’est également rendue au Maroc et en Tunisie. Ces échanges ont permis d’harmoniser les protocoles utilisés entre tous les partenaires. Nous avons également reçu deux thésardes Tunisienne et Marocaine pour les former aux techniques que nous maitrisions et qui n’étaient pas encore déployées chez les partenaires. Nous avons dû fournir un rapport d’activités à l’ANR et au consortium ARIMNet à 18 et 36 mois récapitulant les résultats scientifiques obtenus et justifiant l’utilisation des fonds.

Toutefois, le suivi du projet est plutôt chronophage car les collègues ne sont pas toujours réactifs ou ne suivent pas les templates fournis. De plus l'ANR, ainsi que l'ARIMNet, ont demandé beaucoup de restitutions sous différentes formes (posters, communications, rapport et fiches de synthèse) obligeant à chaque fois de retravailler les informations différemment.

Envisagez-vous une suite à ce projet ? Si oui, laquelle ?

Oui nous avons envisagé une suite. Nous sommes en cours de montage d’un projet que nous allons déposer dans le cadre de l’appel à projet PRIMA, qui a succédé à l’ARIMNet, courant du mois de mai prochain. Cette fois-ci, ce sont les partenaires marocains qui seront porteurs mais nous resterons grandement impliqués dans le futur projet et en coordonnant des modules de travail.

Recommanderiez-vous la participation à ce type de programmes aux chercheurs de l’URCA ? Quels conseils leur donneriez-vous dans le montage de leur projet ?

Je ne peux que recommander aux collègues de s’investir dans ce type de projet. C’est certes chronophage lorsque l’on coordonne mais ces projets collaboratifs sont très enrichissants. Il faut choisir un consortium pluridisciplinaire ou les partenaires impliqués possèdent des compétences complémentaires et couvrant les différents aspects de la partie analytique jusqu’à la partie socio-économique. La bonne réalisation dépendra aussi et surtout de la réactivité de l’ensemble des partenaires. L’implication de thésards ou post-doctorants sur plusieurs partenaires me parait bénéfiques pour les recrues mais aussi pour les équipes et le projet.