Avril/Mai 2020 : Entretien avec Alexander Alijah sur un PHC Utique

Portrait d'Alexander Alijah

Je m'appelle Alexander Alijah, je suis professeur de chimie théorique à l'URCA et membre du laboratoire GSMA (UMR 7331). J'ai étudié la chimie et la physique en Allemagne, où j'ai obtenu mon doctorat en sciences naturelles en 1988. Par la suite, j'ai fait un post-doctorat à l'Université de Strathclyde à Glasgow, où j'ai travaillé dans le domaine de la spectroscopie théorique à haute résolution. J'ai ensuite travaillé dans des départements de chimie et de physique en Allemagne, au Portugal et au Brésil avant de rejoindre l'URCA en 2009. Mes intérêts de recherche sont la caractérisation précise de la structure moléculaire et des spectres pour des molécules primordiales et des molécules présentes dans l'atmosphère de notre Terre.

Qu’est-ce qui vous a motivé à répondre à cet appel de Partenariat Hubert Curien (PHC) ? Comment avez-vous connu vos partenaires pour ce projet ?

J'ai rencontré pour la première fois ma collègue tunisienne Dr. Najoua Derbel lors de la première assemblée générale de COST MOLIM à l'Université Paris Est en août 2015. Les deux équipes française et tunisienne, aux expertises complémentaires, ont commencé à collaborer ensemble début 2016 afin d'échanger leur savoir-faire. Nous avons ensuite fait une demande auprès de l’instrument PHC Utique pour obtenir un financement pour la formation de deux doctorantes, dont l'une en cotutelle.

Photo Alexander Alijah

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre projet et nous préciser le rôle de l’URCA dans celui-ci ?

Je suis le porteur français du projet qui comporte deux axes de recherche. Le premier axe (thèse en cotutelle de Mme Olfa Ferchichi. Najoua Derbel, Tunis, et Thibaud Cours et A. Alijah, URCA) porte sur l’étude, par des calculs de chimie quantique, des propriétés structurales et spectroscopiques de peroxydes au niveau DFT et ab initio. La libération de composés chimiques dans l'atmosphère due à des activités humaines présente une menace pour la santé publique. La connaissance des propriétés spectroscopiques de ces composés et de leurs produits formés par les réactions atmosphériques est donc très importante pour minimiser leur impact. Les peroxydes sont omniprésents et jouent un rôle important dans la destruction de l’ozone stratosphérique, particulièrement le peroxyde de chlore.

Le 2ème axe (thèse en co-direction de Mme Rihab Hakiri. Najoua Derbel, Tunis, et Halima Mouhib, Université Paris Est) porte sur l’étude de la structure et de la dynamique de différentes molécules d’arôme contenant des groupements oxygénés dans différent états d'agrégation, en utilisant des méthodes théorique et expérimentale. Les arômes jouent un rôle important dans le milieu biologique et influencent fortement la consommation alimentaire. On note aussi l’importance accrue de l’activité « arômes » dans les produits de la parfumerie.

Au niveau scientifique, comment se passent les échanges avec l’équipe tunisienne ?

La collaboration, dans les deux axes, est excellente. Les équipes disposent d'un savoir-faire complémentaire en recherche et contribuent à parts égales à la réussite du projet. Par conséquent, 7 publications ont paru dans des revues de grande qualité. Les deux doctorantes ont déposé leurs manuscrits et défendront leurs thèses dès que la situation sanitaire le permettra.

Envisagez-vous une suite à ce projet ? Si oui, laquelle ?

Nous recherchons de nouveaux doctorants pour poursuivre les projets de recherche. Une fois ceux-ci trouvés, nous ferons une nouvelle demande pour un projet PHC Utique.

Recommanderiez-vous la participation à ce programme aux chercheurs de l’URCA ? Quels conseils leur donneriez-vous dans le montage de leur projet ?

L'objectif principal de ce programme est la formation de doctorants ou post-doctorants (jeunes chercheurs). C'est un excellent moyen de favoriser la collaboration scientifique franco-tunisienne et je recommande certainement à mes collègues de l'URCA de participer au programme. Le programme peut soutenir jusqu'à deux jeunes chercheurs, dont l'un doit être un doctorant préparant une thèse en cotutelle. Chaque doctorant reçoit par an, une bourse lui permettant de passer trois mois en France. Un financement supplémentaire est donc nécessaire, par exemple une bourse d’alternance du gouvernement tunisien. Lors d'une candidature à un projet PHC Utique, il est probablement judicieux d'avoir déjà mis en place une thèse en cotutelle.

Je recommande la participation à ce type de projet qui permet à la fois de couvrir des frais liés à la mobilité (bourses des étudiants tunisiens, billets d'avion des français pour les déplacements en Tunisie) et à la logistique (inscription à des colloques par exemple).