Retour sur la découverte des trésors de la Bibliothèque Carnegie - CRIMEL

Le vendredi 4 avril, les étudiants de L3 Lettres classiques, de la Double licence Histoire-Lettres classiques, du master Lettres et Humanités et les doctorants du CRIMEL ont été accueillis à la Bibliothèque Carnegie de Reims pour une rencontre exceptionnelle autour de l’histoire du livre.

Marylise Meunier, bibliothécaire responsable du fonds ancien, a offert une plongée passionnante dans les coulisses de cette bibliothèque patrimoniale dont l’histoire est inséparable de celle de la ville de Reims.

Deux ouvrages remarquables ont été présentés : Xavier Lafontaine (URCA) a présenté un manuscrit grec contenant trois tragédies d’Euripide (Hécube, Oreste, Les Phéniciennes) avec leurs commentaires marginaux. Ces tragédies sont souvent associées dans la formation scolaire et rhétorique à l’époque byzantine ; le manuscrit rémois est un témoin de la circulation culturelle entre Byzance (une partie du texte a été copiée vers 1300) et l’Italie du Sud (car un complément a été ajouté au XVe s.), puis la France. Il a été annoté en latin par un moine (en Italie ou en France ?), avant d’être acquis par le cardinal humaniste Charles de Lorraine, important collectionneur de manuscrits à Reims. Sa collection est passée ensuite par l’Abbaye Saint-Rémi avant d’être dispersée à la Révolution. Ensuite, Lucien Dugaz (École nationale des Chartes, Paris) a fait découvrir un exemplaire illustré du Vergier d’honneur d’André de La Vigne datant du début du XVIe s., interrogeant le dialogue entre texte et image à la Renaissance et le travail des imprimeurs parisiens.

Ces deux livres, l’un manuscrit et l’autre imprimé, au vu de leur rareté et de leur fragilité, sont rarement montrés au public : Marylise Meunier et le conservateur de la Bibliothèque Carnegie ont accordé ce privilège aux étudiants de l’URCA à cette occasion.

Une rencontre enrichissante, entre érudition, histoire des savoirs et métiers du livre, qui montre l’importance des métiers liés à la conservation et à la compréhension du patrimoine humaniste dans la région Champagne-Ardenne, ainsi que le rôle qu’a l’université publique dans la formation initiale des étudiants pour en assurer la transmission et la compréhension.