Description de l'enseignement
Après une introduction générale balayant l’ensemble des prérequis (théorie de la concurrence parfaite, théories de la concurrence imparfaite, théories managériales et comportementales de la firme, SCP), la première partie du cours sera consacrée à la présentation de l’économie industrielle institutionnelle.
La première section propose une analyse historique donc située de l’émergence de l’économie industrielle institutionnelle. La concentration de l’offre au début du XXe siècle et le développement de la grande entreprise ont effectivement conduit à la mise en place d’un système de contrôle social des entreprises par la construction d’un ensemble de règle et de lois. Des lors, l’étude d’un système productif implique l’étude du cadre institutionnel dans lequel il s’insère. Toutefois, l’efficacité de ce dernier est à nuancer dans la mesure où des acteurs ont la capacité d’agir sur ce cadre institutionnel, ce que démontre la théorie des groupes d’intérêts (Stigler, Posner, etc.).
En partant des travaux de Williamson, la deuxième section vise à l’exploration d’approches plus contemporaines qui étudient les systèmes productifs par les relations verticales, en caractérisant ce qu’elles produisent sur les acteurs en matière de transferts d’informations, de spécificité des actifs et de localisation des activités de production. De là naissent diverses configurations productives, faites de concurrence mais aussi de coopération, dont rendent compte les approches filière (commodity chain, global commodity chain, global value chain).
La troisième section ajoute aux approches précédentes la compréhension des relations horizontales, aboutissant aux approches réseau, qui permettent d’appréhender des relations de production et ainsi des systèmes productifs plus complexes, notamment par une construction territoriale plus complète de ces derniers.
Enfin, la quatrième section rend compte des approches mésoéconomiques, dont l’enjeu principal est la délimitation et ainsi la définition des systèmes productifs. En effet, ces derniers relevant d’une construction sociale d’acteurs, les stratégies adoptées ne peuvent être conçues qu’après avoir identifié au préalable les processus qui ont mené à une telle structuration institutionnelle du système productif. Si les secteurs sont l’incarnation de cette démarche, elle ne saurait s’y réduire. A contrario, puisque les systèmes productifs sont nécessairement ancrés territorialement, la démarche implique une définition stricte du territoire d’analyse retenu.
Dans cette seconde partie, nous explorerons la complexité de l'économie industrielle, mettant en lumière les interactions entre les processus d'innovation et les milieux innovateurs à une échelle multiniveaux.
La première section débutera par une exploration approfondie des contributions majeures de Schumpeter, y compris sa courbe en S, et du modèle de croissance de Solow. Nous élargirons notre perspective à l'échelle macroéconomique en examinant les cycles économiques et les crises socio-écologiques, fournissant ainsi une toile de fond riche pour notre compréhension des dynamiques industrielles.
La deuxième section examinera l'influence cruciale des milieux innovateurs sur les territoires, jouant un rôle clé dans les mutations des systèmes de production. Nous explorerons les systèmes nationaux d'innovation, en adoptant une perspective territoriale. Les concepts, tels que le district industriel de Marshall, les clusters de Porter, et les pôles de compétitivité, seront examinés en détail, ajoutant une dimension concrète à notre exploration.
La troisième section nous guidera à travers l'évolution des régimes sociotechniques, influencés par le concept du "dominant design". Nous analyserons les trajectoires d'innovation façonnées par les politiques publiques, la sphère technico-scientifique et la demande, intégrant des déterminants non économiques tels que les institutions, l'histoire et la dépendance au sentier.
La quatrième section plongera dans les mutations industrielles orchestrées par les processus d'innovation au sein des organisations. Nous examinerons les dilemmes auxquels sont confrontées les entreprises, explorant les mutations organisationnelles engendrées par des pressions extérieures, l'isomorphisme et la théorie évolutionniste de la firme (au sens des précurseurs, Nelson et Winter, 1985). Cette exploration soulèvera des questions cruciales sur les choix stratégiques en réponse à la concurrence, tels que le rôle de pionnier ou suiveur, l'ambidextrie organisationnelle et les stratégies de brevet.
Enfin, la dernière section explorera les intrications du processus d'innovation dans la recherche et développement. Les concepts de chaînes interconnectées, d'exploration/exploitation et les stratégies de brevet seront détaillés, illustrant des scénarios de concurrence intense ou de collaborations fructueuses, comme en témoigne l'innovation ouverte.