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Apnée du sommeil et troubles cognitifs : une méta-analyse novatrice du laboratoire C2S et du CHU

En septembre 2024, Apolline Durtette, doctorante de l’unité de recherche Cognition, Santé, Société (C2S) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, a publié une méta-analyse, constituant un niveau de preuve élevé en science. Cette publication majeure analyse l'efficacité du traitement recommandé en première instance dans la prise-en-soin du syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS), la Pression Positive Continue (PPC). Ce travail s’inscrit dans le cadre de sa thèse, en collaboration avec le service de pneumologie, le service de psychiatrie adulte et d'imagerie médicale du CHU de Reims, et marque une avancée dans la compréhension de l'impact cognitif de cette pathologie et son possible traitement.

Qu’est-ce que le SAOS ?

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est une affection fréquente, touchant jusqu’à 17% de la population française, et se caractérise par une obstruction intermittente des voies respiratoires pendant le sommeil, provoquant une altération de l’architecture du sommeil et un manque d’oxygène (hypoxie). Si les conséquences physiques comme la fatigue ou les problèmes cardiaques sont bien connus, on sait moins que cela peut aussi affecter le cerveau. Les personnes qui en souffrent peuvent, par exemple, rencontrer des difficultés à se concentrer, à mémoriser des informations ou à réagir rapidement à des situations. Actuellement, ce syndrome est préférentiellement traité grâce à la PPC, un dispositif consistant à envoyer l’air de la pièce sous pression via un masque pendant le sommeil et permettant ainsi le maintien de l’ouverture des voies aériennes durant le sommeil.

Une analyse rigoureuse et innovante

La méta-analyse, débutée en 2022 par Barbara Dargent et reprise en septembre 2023 par Apolline Durtette, a évalué l'efficacité de la PPC, traitement de référence pour le SAOS, sur les principales conséquences cognitives de la maladie. Dans un premier temps, Apolline et l’ensemble de co-auteurs, ont regroupé 993 articles en lien direct avec cette thématique. Après une sélection rigoureuse visant à obtenir les études les plus précises, seuls 11 articles pour un total de 923 patients répartis dans quatre pays, ont été retenus.

L’analyse statistique des données a révélé des résultats encourageants mais nuancés. Le traitement par PPC semble significativement améliorer la flexibilité mentale, c'est-à-dire la capacité des patients à passer d'une tâche à une autre. En revanche, les résultats concernant l'amélioration des fonctions de mémoire et de la vitesse de traitement de l’information (par exemple, le temps de lecture) se sont révélés mitigés, soulignant la nécessité de mener des recherches supplémentaires et de meilleure qualité pour confirmer ou infirmer ces effets.

Un travail multidisciplinaire

Cette recherche, menée en étroite collaboration avec divers services hospitaliers du CHU de Reims, illustre l'importance croissante de l'approche multidisciplinaire dans le domaine médical. En combinant les expertises en pneumologie, psychiatrie et imagerie médicale, cette étude et la thèse d’Apolline Durtette mettent en avant l’intérêt grandissant pour la recherche médical d’une prise en charge globale des patients, en tenant compte non seulement de leur santé physique, mais aussi de leur bien-être psychologique et cognitif.

La publication d’Apolline Durtette constitue une innovation par sa méthodologie et sa rigueur dans l’évaluation des impacts cognitifs de la PPC sur le SAOS, et ouvre la voie à des avancées futures dans ce domaine crucial de la santé publique.

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