Entretien avec Isabelle Villena et Dominique Aubert
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’EFSA ?
L’EFSA est une agence de sécurité sanitaire européenne. Elle travaille en lien avec des agences nationales de sécurité sanitaire, comme l’ANSES en France ou l’AFSCA en Belgique. Elle fédère des projets de recherche et se saisit des problématiques sanitaires notamment sur les règlementations en matière d’alimentation, qui toucheraient l’Europe et seraient ensuite retranscrites dans les Etats membres. Ces questions peuvent faire l’objet de saisines qui sont envoyées dans chacune des agences nationales qui sont sollicitées pour y répondre. L’EFSA peut ensuite coordonner une réponse au niveau européen et proposer si besoin une surveillance sanitaire, surveillance qui peut également ne concerner que certains états membres.
Comment avez-vous été identifié ?
En 2005, un rapport publié par l’AFSSA (agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, antérieure à l’ANSES) a souligné la nécessité de rassembler des données notamment épidémiologiques sur la toxoplasmose et ses voies de contamination en France. Ce rapport a débouché sur des plans de surveillance menés par notre Laboratoire en lien avec la Direction générale de l’alimentation (Dgal). Notre Laboratoire a été retenu car il manquait au sein de l’agence des compétences relatives aux méthodes de détection et de mesure de prévalence (sérologie/ biologie moléculaire), une collaboration forte entre notre unité et l’Anses s’est développée. A l’URCA, nous sommes ainsi une unité sous contrat de l’Anses (USC Epitoxo) depuis 2010. Dans le domaine de la parasitologie, nous sommes reconnus, notamment en raison de notre statut de Centre National de Référence de la Toxoplasmose et de nos multiples travaux (collaborations /publications) sur cette thématique,
en particulier sur l’épidémiologie des protozooses (maladies humaines et vétérinaires) transmises par voie alimentaire avec des travaux qui ont pu être menés y compris au niveau vétérinaire. Cette USC fonctionne avec un soutien financier de l’Anses pour que nous puissions leur apporter notre expertise et fournir également des antigènes nécessaires aux travaux épidémiologiques. Cette collaboration forte nous permet d’être reconnus à l’ANSES et par voie de conséquence à l’EFSA.
Quels sont les avantages pour l’URCA à être autorité compétente ?
En devenant autorité compétente, l’URCA peut émarger sur des appels d’offres EFSA qui sont limités aux agences nationales de sécurité sanitaire car les appels sont généralement réservés aux agences de sécurité sanitaire. Notre statut au sein de l’ANSES est ainsi un moyen de pénétrer ce type d’appels, ainsi nous avons participé à un gros projet européen en 2013 mené au sein d’un consortium européen, et nous avons sommes présents sur un nouveau contrat initié en 2019. En outre, cette reconnaissance par l’EFSA a permis des échanges scientifiques avec d’autres unités de recherche à l’échelle européenne permettant une synergie entre réseaux d’experts. Nous avons également pu entrer dans d’autres réseaux européens et participé ainsi à d’autres programmes type programmes COST par exemple). En parasitologie, ces collaborations entre réseaux d’experts au sein d’agence de sécurité sanitaire sont importantes car les acteurs sont souvent identiques, ainsi nous sommes une quinzaine de laboratoires reconnus dans ce domaine (parasitologie environnementale et en lien avec l’alimentation), nous permettant d’identifier facilement des partenaires éventuels de projets ultérieurs.
Quelle expertise apportez-vous à l’EFSA et quels sont vos sujets de prédilection ?
Nous avons une expertise sur les parasites protozoaires dans les aliments. Par exemple, nous venons de terminer au sein de l’Anses, un gros document sur l’identification des sources quand il y a des cas sporadiques de toxi-infections alimentaires. Nous avons ainsi réalisé un travail de classification des couples danger/aliment et notre expertise en parasitologie a été un élément important pour le rapport. Les perspectives de ces travaux sont de réaliser une analyse quantitative du risque en fonction des aliments. L’Anses a un pouvoir d’expertise indépendante (au travers de ses experts) et la Direction Générale de l’Alimentation, la Direction Générale de la Santé et la DGCCRF saisissent l’agence pour recueillir son avis sur divers sujets relatifs à la sécurité alimentaire (identification de dangers microbiologiques, identification de matières à risque pour le consommateur …).
L’URCA a-t-elle répondu à un appel à projets de l’EFSA ? Si non, envisagez-vous de répondre à un appel à projet de l’EFSA ?
L’URCA ne peut pas prétendre seule à répondre aux appels à projets de l’EFSA. Comme nous l’avons mentionné, l’EFSA est une agence de sécurité sanitaire européenne qui travaille en lien avec les agences nationales des divers Etats membres, ce sont ces agences qui peuvent répondre aux appels d’offres.
Etant donné que nous sommes une unité sous contrat de l’ANSES, nous pouvons répondre aux appels via l’agence nationale mais pas en tant qu’unité indépendante de l’URCA. Nous sommes inclus dans un vaste projet européen obtenu fin 2019 visant à des travaux sur l’attribution des sources de contamination par Toxoplasma gondii via les matrices alimentaires, projet traité au sein d’un consortium européen.
Il y a toutefois certains appels d’offres auxquels les universités et autres organisations pourraient participer. Malheureusement, nous n’avons pour l’instant pas pu identifier une thématique et un type d’appel à projet où nous pourrions répondre en tant qu’unité de recherche URCA sans affiliation à l’Anses. Certaines équipes de l’URCA devraient regarder ces types d’appels d’offre afin de répondre si une thématique entrait dans leur champ d’action puisque l’URCA est enregistrée comme autorité compétente auprès de l’EFSA.
