Soutenance de thèse "Impact des maladies du bois sur la physiologie de la vigne"

Publié le 17 novembre 2020

Florian MORET a soutenu sa thèse le 22 octobre 2020 à l’INRAe de Dijon sur le thème « Impact des maladies du bois sur la physiologie de la vigne », qui a été co-dirigée par les Pr FONTAINE Florence et ADRIAN Marielle et co-encadrée par Dr TROUVELOT Sophie.

Cette thèse a intégré le projet HOLOVITI et a été co-financée par le Comité Champagne et le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne.

Résumé

L’esca et le dépérissement dû aux Botryosphaeriacées sont des maladies du bois de la vigne qui provoquent des dégâts importants dans les vignobles du monde entier et contre lesquelles les moyens de lutte à disposition sont limités. Ces maladies sont dues à un complexe de champignons vasculaires qui colonisent les parties pérennes de la vigne tout au long de sa vie, depuis sa production en pépinière à sa culture au vignoble. L’expression des symptômes foliaires reste méconnue et est influencée par de nombreux facteurs dont le climat, les pratiques culturales et le cépage. Dans ce contexte, ce travail de thèse a visé à caractériser l’impact de ces deux maladies sur la vigne, à différentes échelles spatiales et temporelles, afin de mieux comprendre les mécanismes associés à l’apparition et au développement des symptômes foliaires.

Nous avons d’abord vérifié si, pour un cépage donné, l’expression des symptômes foliaires de l’esca (forme sévère) pouvait varier en fonction du clone. Cette étude a été réalisée pour 2 cépages de sensibilité différente à cette maladie : le Chardonnay (clones 76 et 95) en 2015 et 2019, et le Trousseau (clones 1004 et 1026) en 2017 et 2018. A l’aide d’analyses métabolomiques, il a été mis en évidence que l’expression foliaire de la forme sévère de l’esca (pré-apoplexie) était clone-dépendante. Un effet millésime a également été noté, avec des signatures métaboliques foliaires différentes et des fréquences de ceps atteints variables. Ces résultats soulignent l’importance des conditions climatiques annuelles dans l’expression de l’esca, que ce soit pour l’apparition des symptômes ou les changements métaboliques associés.

Une caractérisation physique et métabolique des différentes zones symptomatiques de feuilles atteintes du syndrome GLSD de d’esca (zone verte, liseré jaune et zone brune retrouvés dans les tigrures) a également été menée avec les cépages Pinot noir (peu sensible) et Sauvignon blanc (sensible). Ces travaux ont montré que les différentes zones peuvent se distinguer en fonction de leur rugosité de surface, de leur profil métabolique global et de la présence de toxines. Ce travail a de plus permis un développement méthodologique qui permettra de mieux caractériser la relation toxines / perturbations métaboliques / symptomatologie foliaire.

Enfin, en parallèle de ces travaux sur l’esca, la forme sévère (défoliatrice) du dépérissement dû aux Botryosphaeriacées a été caractérisée à l’échelle de l’entre-noeud du rameau, aux niveaux anatomique et physiologique. L’objectif était d’appréhender l’origine des symptômes, en lien avec une contamination fongique annuelle et l’obstruction des vaisseaux du xylème, et de caractériser les mécanismes associés à leur expression. Ainsi, chez le Cabernet franc, cépage sensible à ce dépérissement, il a été observé : i) la présence de Botryosphaeriacées au niveau du liber et des tissus périphériques (corticaux) ainsi que dans les vaisseaux du bois, ii) la présence de vaisseaux obstrués

(thyllose, gommes) mais qui n’explique pas, à elle seule, l’expression des symptômes, iii) des altérations anatomiques profondes au niveau du liber mou montrant sa perte de fonctionnalité, iv) un dysfonctionnement voire un défaut de mise en place de l’assise subéro-phellodermique, v) un défaut de mise en réserve d’amidon dans les parenchymes de rayon, vi) une altération de réponses de défense et vii) une altération du métabolisme internodal avec des signatures métaboliques associées à l’expression et l’évolution des symptômes foliaires.

En résumé, ce travail de thèse a permis d’apporter de nouveaux éléments sur la compréhension de l’expression des symptômes foliaires (formes lente et sévère) des dépérissements liés aux maladies du bois. Il ouvre ainsi de nouvelles perspectives de recherche dans l’objectif de mieux comprendre l’interaction vigne / champignons responsables des maladies du bois et d’identifier des solutions permettant de lutter durablement contre ces dernières.