Arthur, doctorant à l’URCA et membre scientifique de la Casa de Velázquez !

Doctorant à l’Ecole Doctorale Sciences de l’Homme et de la Société, rattaché au Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires (CRIMEL, EA 3311), Arthur Haushalter, 29 ans, vient récemment d’être nommé membre scientifique à l’École des Hautes Etudes Hispaniques et Ibériques, de la Casa de Velázquez, à Madrid, pour l’année 2012-2013. Un immense honneur, autant pour l’URCA que pour cet étudiant, qui s’est spécialisé dans l’étude de la géographie antique et prépare actuellement, sous la direction de Didier Marcotte, professeur à l’UFR Lettres et Sciences Humaines et membre senior de l’IUF, une thèse sur « La construction d’une géographie de la péninsule Ibérique, de Polybe à Ptolémée ». Depuis Madrid, celui-ci a bien voulu se prêter au jeu de l’interview pour nous expliquer les circonstances et perspectives de cette nomination.
Propos recueillis par le Service Communication.
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La Casa de Velázquez
Service Communication (S.C.) : Arthur, pouvez-vous nous retracer votre parcours universitaire ?
Arthur Haushalter (A.H.) :
Après six années passées au lycée Jean Jaurès de Reims, au lycée puis en classes préparatoires, je me suis naturellement inscrit à l’URCA, en maîtrise de Lettres classiques puis en DEA. C’est alors que j’ai commencé à étudier les textes des géographes antiques, dans le cadre de deux mémoires réalisés sous la direction de Didier Marcotte, professeur de grec à Reims. J’ai ensuite passé le CAPES de Lettres classiques, puis l’agrégation de grammaire ; pour la préparation de ce dernier concours, j’ai dû m’inscrire à Paris IV – Sorbonne.
S.C.: Vous succédez entre autres à Ricardo González Villaescusa, membre de la Casa de 1994 à 1997 (ndlr : jusqu’à l’année dernière professeur d’archéologie antique à l’URCA) : comment devient-on membre scientifique de la Casa de Velázquez ?
A.H.:
Pour ma part, lorsque les contours de mon projet de thèse ont commencé se dessiner, je me suis tout simplement demandé comment j’allais pouvoir le mener à bien tout en enseignant dans le secondaire. C’est que, pour les doctorants, financer un tel travail, qui dure au moins trois ans, ne va pas de soi. J’ai alors songé à un congé de formation, à une allocation de recherche et, sans y croire vraiment au départ, j’ai aussi regardé du côté de la Casa de Velázquez.
S.C.: Quelles ont été les étapes précédant cette nomination ?
A.H.:
Chaque année, une sorte de concours de recrutement est organisé par la Casa. J’y avais d’ailleurs déjà participé l’an dernier, sans succès. Les candidats doivent d’abord présenter un projet de recherche écrit, en général à la fin de l’année civile ; puis un jury de spécialistes, constitué de sept universitaires français et étrangers, surtout espagnols, sélectionnent des dossiers pour une audition, qui a lieu quatre mois plus tard à Paris, et à l’issue de laquelle la liste des recrutés est établie, puis publiée sur le site Internet de la Casa.
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son patio
S.C.: La Casa de Velázquez et l’Ecole des Hautes Etudes Hispaniques et Ibériques regroupent-elles les mêmes disciplines ? Quelle sera votre contribution à ces deux institutions?
A.H.:
La Casa de Velázquez, établissement public français installé à Madrid depuis 1928, est un centre de création artistique et un centre de recherche en sciences humaines, spécialisé dans les littératures et les sociétés des pays ibériques, ibéro-américains et du Maghreb. Elle compte ainsi parmi les cinq Écoles françaises à l’étranger, placées sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, avec l’École française d’Athènes, l’École française de Rome, l’Institut français d’archéologie orientale du Caire et l’École française d’Extrême-Orient.

L’École des Hautes Etudes Hispaniques et Ibériques est le nom de la section scientifique de la Casa de Velázquez. Chaque membre y est recruté pour un an renouvelable sur son propre projet de recherche, et dispose de tous les moyens de l’école (bibliothèque, réseaux de recherche en Espagne…) pour le mener à bien. En outre, la Casa veille à la formation de ses membres, notamment en les impliquant dans des projets de recherche portés par l’institution elle-même, en général en collaboration avec des universités françaises, espagnoles et portugaises. On m’a récemment confié, par exemple, la coordination d’un des volets d’un programme de recherche consacré au Détroit de Gibraltar aux époques ancienne et médiévale, financé par l’Agence Nationale de la Recherche.

J’ajoute que la Casa offre aussi des aides spécifiques, c’est-à-dire des bourses d’un mois ou davantage, pour des doctorants, hispanistes ou non, qui auraient besoin de séjourner ponctuellement en Espagne ou au Portugal pour les besoins de leur travail, quelle que soit la discipline de leurs recherches : histoire, littérature, linguistique, économie, sociologie… L’appel à candidature est publié chaque année sur le site de l’école, et les étudiants de Reims ne doivent pas hésiter à s’y présenter.

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et sa bibliothèque
S.C.: Vous êtes parallèlement doctorant à l’Ecole Doctorale Sciences de l’Homme et de la Société, rattaché au Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires (CRIMEL, EA 3311) : quels sont actuellement vos domaines et activités de recherche?
A.H.:
Depuis septembre 2010, j’ai en effet entrepris la préparation d’une thèse de doctorat sous la direction de Didier Marcotte, consacrée à « La construction d’une géographie de la péninsule Ibérique, de Polybe à Ptolémée ». Mais l’éloignement géographique, associé au poste que j’occupe dans un lycée français de Madrid, m’a pour l’instant empêché d’être physiquement intégré aux activités du laboratoire et de l’École doctorale. Cette situation va évoluer, puisque cette nouvelle nomination va me rendre plus libre de mes mouvements ; et je vais justement pouvoir participer à plusieurs séminaires organisés à l’automne à l’URCA.

S.C.: Qu’est-ce qui vous a fait choisir l’URCA pour y effectuer votre doctorat ?
A.H.:
Hormis un passage par Paris pour suivre une préparation que l’URCA ne proposait pas, tout mon cursus s’est fait à Reims. Mais comme cela se produit souvent, ce n’est pas vraiment une université que j’ai choisie pour mon doctorat, mais plutôt un directeur de recherche. Or, je connais Didier Marcotte depuis ma maîtrise en 2004, et c’est lui qui m’a alors initié aux études liées à la science géographique antique, dont il est un des spécialistes les plus reconnus, et m’a donné envie de continuer.

S.C.: Pouvez-vous nous exposer les grandes lignes de votre thèse : «La construction d’une géographie de la péninsule Ibérique, de Polybe à Ptolémée» ?
A.H.:
Chez les géographes grecs, le monde ibérique apparaît, au moins jusqu’à l’époque de la conquête romaine, comme un véritable finisterre aux confins du monde occidental, marqué par la dimension fabuleuse propre aux extrêmes. Mon enquête se donne pour but d’étudier sur le temps long les étapes du processus d’élaboration d’une image de cet espace, en lien avec l’avancée des légions et de l’administration romaines, qui conduit jusqu’à l’apogée que paraît représenter le savant d’Alexandrie Ptolémée.

Le paradoxe de cette évolution réside dans la grande difficulté à lire la Géographie de ce dernier, qui demeure du reste très peu utilisée par l’érudition moderne, alors même qu’elle doit regorger d’informations inédites. En effet, l’Alexandrin est le seul, parmi Polybe, Artémidore, Varron, Strabon, Agrippa ou Pline l’Ancien, à avoir fait une large exploitation des nouveaux outils et documents suscités par la réorganisation de l’empire à partir d’Auguste.

Plus de renseignements : arthur.haushalter@etudiant.univ-reims.fr