{Journées d'études}
Géopolitique des transitions énergétiques
10ème édition des Journées Géopolitiques de Reims (JGR 2024)
Du mardi 13 et vendredi 15 novembre 2024
Les Journées Géopolitiques de Reims (JGR) sont des conférences publiques et gratuites de géopolitique.
L’édition 2024 des JGR porte sur la dimension géopolitique de la diversité des chemins de transition énergétique qui apparaissent à l’heure actuelle dans le monde et qui défendent, chacun à sa manière, leur pertinence respective et leur équilibre en termes de risques et d’opportunités. Les gagnants et perdants des transitions et leurs effets collatéraux ne sont pas encore véritablement connus, mais ils constituent un débat central des études de la géopolitique de l’énergie (Scholten, 2023; Vakulchuk et al., 2020; Van de Graaf, 2019). Ainsi, « ces transitions renvoient à un ensemble de choix et de stratégies, subies ou choisies, qui engendrent autant de bifurcations vers des avenirs fort différents » (Beucher, 2021).
En effet, la géopolitique de l’énergie évolue de manière fulgurante sous l’égide des politiques de transitions vers les énergies de sources renouvelables, les technologies à bas carbone et la libéralisation des secteurs énergétiques amenant à leur inscription dans les marchés mondialisés. En témoignent les chiffres annoncés par l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA) qui note une augmentation de plus de 35 % de la production d’électricité renouvelable dans le monde entre 2013 et 2021 et de près de 20% en France (IRENA, 2023).
Au regard de ces évolutions, cette édition des JGR se concentre sur la dimension territoriale de cette « géopolitique de l’énergie », au contraire de bon nombre de conférences qui privilégient un regard plutôt sectoriel (gaz, électricité, pétrole) et orienté sur les périmètres administratifs et institutionnels. Ainsi, au-delà d’une réflexion sur les évolutions d'occupations des sols engendrées par la production locale d’énergie renouvelable (Sijmons, 2014), l’objectif est de s’intéresser plus globalement aux enjeux de déploiement des infrastructures énergétiques, aux aspects procéduraux, aux résistances, aux concurrences, aux effets de lobby…
De même, nous soulignons l’intérêt de considérer l’ensemble de la chaîne de valeurs des systèmes énergétiques (électriques, gaziers, liés à la distribution de chaleur ou encore au stockage des carburants), leur inscription spatiale et les dynamiques économiques inhérentes. Nous assistons à une reconfiguration de régimes sociotechniques existants, à une évolution d’activités chez les groupes industriels dominants mais aussi à une émergence de nouveaux acteurs (entreprises privées, sociétés coopératives, associations, acteurs de la finance) et de modèles économiques inédits (Burger et al., 2020: pp.280-283). À l’ère de la transition énergétique mais aussi numérique, les nombreuses évolutions que nous observons empiriquement nous incite à nous interroger sur de nombreux points : comment se transforme le rapport à la sécurité des infrastructures et à la propriété des actifs énergétiques ? Quelle est l’évolution des responsabilités et des compétences propres aux producteurs, distributeurs, consommateurs, négociants et agrégateurs de l’énergie ? Avec l’avancement des processus de libéralisation dans les mondes de l’énergie, comment cette transformation s'inscrit dans les dynamiques de compétition mondiale (entre pays, PME, grands groupes) ? Dans un contexte de réindustrialisation de l’Europe, comment répondre aux enjeux de relocalisation de la chaîne de valeurs ? Quels sont les impacts des choix technologiques sur le façonnement des territoires, sur le rapport à la pollution minière et industrielle, et plus généralement sur les risques environnementaux et de santé publique ?