Projet scientifique 2023-2027
L’équipe a choisi de se positionner de manière originale autour de trois principaux questionnements :
1. De quelles manières les politiques publiques, les systèmes d’acteurs et les organisations agissent sur les sociétés et les territoires, mais aussi comment en retour ceux-ci sont transformés par les bouleversements contemporains ?
Ce premier questionnement est celui qui devrait fédérer sans peine la totalité des membres de l’équipe. Entendu aux échelles larges, il interrogera notamment de façon interdisciplinaire les « manières de faire » des acteurs (U.E., Etats, entreprises, collectivités territoriales, etc.), mais aussi les actions qu’ils développent sur les territoires (instruments, outils, types de projets, etc.), sans oublier les manières de « faire avec » le temps et d’« agir sur » le temps). Il interrogera les « manières de faire » et leur évolution (façons de procéder ; moyens employés), institutionnelles et non institutionnelles des différents acteurs, ainsi que leurs logiques spatiales et territoriales encore souvent marqués par les effets top down. La question des indicateurs de ces transformations sera également posée à cette occasion. Les « bouleversements contemporains » affectant les territoires seront entendus de manière très large : effets de la crise de la mondialisation ; réchauffement climatique et toutes ses incidentales environnementales ; crises géopolitiques et nouveaux rapports de force et de puissance ; etc.
2. Comment les territoires et les acteurs locaux qui les animent s’adaptent ou résistent aux nouvelles manières de faire qui leur sont proposées ou mis à disposition, mais aussi se révèlent capables d’apporter des réponses nouvelles et des « manières de faire » plus adaptées à leurs attentes et besoins ?
Plus centré sur les territoires et leurs réactions face aux « manière de faire » extérieures (effets top down), ce second questionnement fédérera également la plupart des membres du laboratoire. Il réfléchira aux innovations à l’œuvre dans les territoires (botom up), aux dispositifs d’action, de réaction, de conception (et de co-conception), de lutte et / ou de gestion, aux diverses réponses apportées (ou en résistance) au changement. En quoi les associations, les collectifs de citoyens, les territoires locaux, etc. se révèlent-ils aujourd’hui capables ou non d’apporter des propositions face aux bouleversements de la société ? Ce second questionnement s’interrogera aux logiques de résistance, d’acceptation ou de résilience face aux injonctions normalisantes (et aux politiques publiques inadaptées aux attentes réelles) ; aux capacités d’action et de réaction à différentes échelles notamment les plus fines, sans oublier les espaces périphériques et en marge (comment penser les périphéries depuis les périphéries : par qui ? pour qui ? avec qui ?), les formes de réponse informelles et alternatives. Il étudiera aussi en quoi la matérialité physique agit sur les modes de faire et configure les systèmes d’acteurs dans les territoires.
Plusieurs projets de recherche menés au sein du laboratoire ont déjà intégré ce questionnement particulièrement riche sur des sujets très divers : les friches urbaines, les espaces urbains en déprise démographique, les territoires désindustrialisés et en voie de réindustrialisation, les marges et les périphéries notamment frontalières, les nouvelles mobilités, etc.
3. Sur quelles conceptions idéologiques de l’espace, des échelles et du temps les nouveaux dispositifs publics et les systèmes d’acteurs s’appuient -ils ?
Plus théorique, mais indispensable aux réflexions menées dans les questionnements 1 et 2, ce troisième questionnement entend examiner les nouvelles représentations et perceptions du monde à différentes échelle (sans oublier les représentations des chercheurs), ainsi que les discours supposément innovants qui les accompagnent (par exemple ceux issus de la justice spatiale) et développés à l’égard des rapports à la nature, à la technique, au travail, aux activités économiques et humaines, au genre, etc. Les réflexions seront notamment organisées autour de dualités situées au centre des réflexions du laboratoire : nature / culture ; centres / périphéries ; villes diffuses / villes concentrées ; durabilité faible / durabilité forte ; effets Top down / Bottom up ; savoirs experts et non-experts ; court terme / long terme ; jour / nuit ; masculin / féminin ; etc.
Identifiés comme des fils directeurs, ces trois questionnements resteront cependant très ouverts durant les 5 prochaines années.