Bien que le terme d'Economie Sociale et Solidaire (ESS) soit assez récent, ses pratiques existent depuis plusieurs siècles. Il est en effet possible de trouver des ancêtres de nos associations, coopératives et mutuelles dès le Moyen-âge. C'est cependant au XIXème siècle, avec la révolution industrielle, que l'ESS va réellement se développer.
Les ouvrier.ère.s vont alors s’organiser pour améliorer leurs conditions de vie en créant des caisses de secours mutuel, des coopératives de consommation, des associations ouvrières de production mais aussi des journaux pour partager leurs idées, et ce malgré les interdictions et sanctions qui auront cours jusqu’à la fin du siècle. L'exemple le plus marquant de cette histoire est le familistère de Guise dans l'Aisne (gravure ci-contre). Son fondateur, Jean-Baptiste André Godin, consacra dès 1860 la condition sociale de ses salarié.e.s Il confia en 1880 son entreprise à l'association des travailleur.euse.s, qui la transforma en l'une des premières coopératives ouvrières de production françaises. Il bâtit cette transition à partir des préceptes de Charles Fourier, réalisant ce qu'allait devenir l'ESS : utilisation des bénéfices pour l'intérêt commun (écoles, caisses de secours mutuel,...), distribution du reliquat aux salarié.e.s, salarié.e.s propriétaires de leur activité,...
En France, la Révolution et le siècle qui a suivi ont vu de nombreux débats sur la liberté de constituer des groupes d'intérêts communs, cherchant à limiter leur existence ou leurs pouvoir. Les coopératives et leurs activités sont peu à peu tolérées, mais la reconnaissance des activités de l'ESS se voit renforcée en 1889 par l'adoption de la charte de la mutualité. Celle-ci met fin au contrôle par l'Etat de l'activité des sociétés de secours mutuel. Le droit d'organisation collective est quant à lui reconnu par la création du contrat d'association en 1901. Jusqu'à la fin du XXème siècle, ces reconnaissances sont pourtant parcellaires, ne s'intéressant qu'à une famille de l'ESS ou une autre, et non à l'ESS dans son ensemble.
La reconnaissance de l'ESS se développe à la fin du XXème et début du XXIème siècle avec l'adoption de chartes en établissant les principes (En France, charte du CNLAMCA de 1995; En Europe, charte du CEP-CMAF de 2002). Entre 2005 et 2016, de nombreux pays ont adopté une loi cadre sur l'ESS. En France, la loi du 31 juillet 2014 vient définir et promouvoir l'ESS, notamment en assurant sa représentativité. Pour plus d'informations sur cette loi, découvrez
le guide commenté de la Conseil National des Chambres Régionales de l'Economie Social et Solidaire.