Résultats AAPG 2021 en SHS à l'URCA - ANR
L'ANR a publié courant juillet 2021 les résultats de son appel à projets génériques 2021. 3 projets sont financés en SHS à l'URCA :
- CE03 - Interactions Humains-Environnement
- LOCUS : Choix de localisation et qualité de l’environnement : identifier les causalités pour des politiques plus justes - un projet JCJC porté par Thao Pham (REGARDS).
- CES 26 – Innovation, travail
- TRASS : TRAvail, Santé, Social : les professionnalités d’intérêt général dans les centres de santé - un projet JCJC porté par Nadège Vézinat (REGARDS)
- IRETRA : Innovation, réindustrialisation des territoires et transformation du travail - un projet PRC porté par François Bost (Habiter)
FOCUS sur le projet IRETRA de François Bost (habiter)
Le projet ANR déposé par François Bost, Professeur de géographie économique et industrielle et Directeur du laboratoire Habiter, a été retenu pour financement le 7 juillet 2021. La persévérance a payé puisqu’il s’agissait de son troisième dépôt à l’Agence nationale pour la recherche. Intitulé « Innovation, réindustrialisation des territoires et transformation du travail » (IRETRA), ce projet prévu pour une durée de 48 mois s’inscrit dans l’appel à projets « Innovation, travail ». Il associe au total 12 chercheurs de 5 universités différentes (dont François Bost, porteur, et Sébastien Piantoni, Emmanuelle Leclercq, Régis Matuszewicz et Jean Grosbellet pour l’URCA), auxquels s’ajouteront un(e) doctorant(e) et un(e) post-doc. Il s’agit du premier projet d'envergure en SHS consacré à la question de la réindustrialisation.
Résumé du projet :
L’économie française et ses territoires connaissent un très important mouvement de désindustrialisation depuis la seconde moitié des années 1970. La désindustrialisation s’est ensuite accélérée à l’occasion de la crise mondiale de 2007-2008 si bien que la France figure désormais parmi les pays européens où le recul de l’emploi industriel a été le plus important (- 2,5 millions d’emplois entre 1970 et 2019), pour ne plus représenter que 11 % de l’emploi total (contre 23,7 % en 1970 selon l’INSEE). Cependant, de plus en plus de voix se font entendre parmi les politiques, les observateurs et les acteurs de l’économie pour en appeler de manière urgente à un renouveau industriel de la France par la mise en œuvre d’une puissante dynamique de réindustrialisation, notamment pour les filières stratégiques. La crise sanitaire de la Covid-19 a donné à l’objectif de la réindustrialisation un brusque coup d’accélérateur en fournissant un nouvel argument d’ordre profondément politique et géopolitique : celui de la souveraineté industrielle, nationale et européenne, expression du lien indissociable entre l’industrie et les notions de puissance et d’indépendance stratégique. Appuyé sur l’amélioration de la compétitivité de l’économie (qui en est la condition préalable et impérieuse), l’objectif de la réindustrialisation n’a jamais été aussi crédible, ni autant espéré en raison de ce changement de contexte qui la rend désormais réalisable sous certaines conditions. C’est précisément dans ce contexte que s’inscrit le projet IRETRA, dont le contenu a gagné en maturité, en recul et en conviction à l’occasion de son troisième dépôt à l’ANR.
Inscrit dans le domaine des Sciences Humaines et Sociales (SHS), le projet IRETRA est porté par des chercheurs intéressés par l’interdisciplinarité dans le but d’élever la question de la réindustrialisation des territoires au rang d’objet d’étude, ce qui n’est pas encore le cas. Celle-ci sera abordée à travers ses enjeux, ses conditions, ses modalités, ses formes actuelles et à venir.
Ce projet entend montrer que l’innovation sous toutes ses facettes (technologique, sociale, organisationnelle), et le travail (sous l’angle de sa transformation et de la montée des compétences) constituent les principaux vecteurs qui rendront possibles la réindustrialisation de l’économie française. Comment s’articulent-ils et interagissent-ils entre eux ? Comment les territoires locaux s’en emparent-ils ou non à travers leurs acteurs et font évoluer leurs pratiques ? Ce projet entend rendre compte de la complexité de ces articulations, mais aussi de leurs promesses pour l’avenir. Sans être exclusifs, ces deux vecteurs essentiels à la construction de la nouvelle attractivité et compétitivité des territoires structureront ce projet de bout en bout. Seront ainsi étudiés les défis posés en termes d’élévation du niveau des qualifications, de réduction de la pénibilité du travail, d’évolution de la formation initiale et professionnelle pour répondre aux attentes des employeurs, ou encore de transformation rapide des métiers. Le projet étudiera aussi les nouveaux rapports qui se développent déjà entre les salariés et les technologies, suite à l’avènement de l’industrie 4.0 depuis le début des années 2010. Celle-ci a déjà commencé à transformer une partie de l’industrie en lui permettant de rester en France et de s’y redéployer grâce à l’amélioration significative de la productivité et de la compétitivité ; elle est aussi de nature à encourager les relocalisations.
Ce projet sera centré sur l’étude de différents territoires anciennement industrialisés, frappés par la crise ou en mal de reconversion. Il étudiera comment ceux-ci peuvent devenir à leur tour sous certaines conditions des « territoires créatifs » et des « milieux innovateurs » capables de se construire en écosystèmes efficaces.