La consommation s’est imposée à la fois comme un analyseur et comme un révélateur de notre époque. Pouvoir, contrôle, résistance, normalisation, solidarité, liberté, éthique, sont quelques-unes des thématiques qui confectionnent les réflexions aujourd’hui à son propos. À travers elles, on comprend bien que le problème actuel est celui du consommateur et de la refonte du consommateur dans et par la consommation. Mais, nous sommes aussi semble-t-il plus embarrassés lorsqu’il s’agit de s’accorder sur un diagnostic du présent. Tandis que certains postulent l’autonomisation du consommateur, d’autres présagent de son assujettissement à la consommation. Tiraillés entre ces représentations, la question de savoir ce que nous sommes devenus demeure entière. L’intérêt de la question ne saurait être ignoré car elle suppose de savoir ce que nous ne voulons pas pour l’avenir. Pourtant cette question paraît presque exclusivement confiée aux expertises profanes, politiques et médiatiques. Les chercheurs qui s’intéressent de prés ou d’un peu plus loin à la consommation, ne sauraient donc ignorer l’importance de leur rôle dans ce diagnostic car celui-ci, dans les termes de Michel Foucault, convoque « la pensée comme activité critique » ; « la critique, cela sera l’art de l’inservitude volontaire, de l’indocilité réfléchie ».
Le colloque « Penser Critique » fait le pari que cette vaste question de la refonte du consommateur dans et par la consommation, peut largement bénéficier des travaux de Michel Foucault. Plusieurs raisons non exhaustives amènent à présager cela. D’abord le philosophe n’est pas seulement le premier auteur le plus cité au monde, il est aussi celui qui a tracé de nombreuses voies de réflexion sur « l’actuel » et « le venir ». Puis, à l’image de ces travaux, il appelle non seulement de l’oeuvre du philosophe mais aussi de celle de l’historien, de l’économiste, de l’anthropologue, du sociologue, du psychologue, du gestionnaire, etc., voire de tout ceux-là en même temps. Et peut-être le plus important, c’est que comme sa philosophie de laquelle s’inspire ce projet, il ne s’agira pas de légitimer ce que nous savons déjà à propos de la consommation mais plutôt d’entreprendre, de savoir comment et jusqu’où il serait possible de la penser et de la pratiquer autrement. En cela, cet appel à réflexion se donne comme un lieu de mise en perspective critique de la consommation qui soit susceptible de provoquer des échanges et des changements.
Volontairement, les thématiques pouvant faire l’objet d’une communication ne sont pas prédéfinies. Simplement, il s’agira de proposer une (re)lecture de la consommation depuis les travaux de Foucault susceptible d’ouvrir, d’enrichir ou de déplacer le débat actuel. Les communications à visée théorique sont donc particulièrement les bienvenues quelle que soit l’approche disciplinaire (sciences économiques et de gestion, sciences sociales et humaines). À l’issue du colloque qui se tiendra le 31 mars 2016 à l’Université de Reims, sur la base d’une sélection, les communications pourront être rassemblées dans un ouvrage collectif.