7èmes Journées Géopolitiques de Reims (JGR 2021)

Présentation des JGR 2021

La guerre économique
Jeudi 18 novembre 2021

Les Journées Géopolitiques de Reims sont des conférences publiques et gratuites de géopolitique.

« Les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner » affirmait le président Donald Trump en mars 2018, avant de lancer une « guerre tarifaire » contre les exportations chinoises. L’administration Biden ne reprend pas la même rhétorique, mais garde clairement l’idée d’une guerre économique à mener contre la Chine dans l’intérêt des Etats-Unis – et des seuls États-Unis.

L’actualité géopolitique montre que la notion de « guerre économique » peut être abordée de nombreuses manières :

  • comme continuation de la guerre classique (armée) par des moyens non armés ;
  • comme évolution des relations internationales passant d’une confrontation territoriale (comme la guerre pour déplacer les frontières) à une confrontation d’espaces économiques (le contrôle des marchés) ;
  • comme guerre entre des entreprises qui s’autonomiseraient des États ;
  • comme développement des « Corponations » (John Mikler, 2018), ces entreprises qui créent un sentiment d’identité partagée et tentent de concurrencer les États (comme la plupart des grandes entreprises composant le GAFA)… ou qui sont au service – sous tension ? – de ces États (les BATX en Chine).

Les aspects à étudier sont nombreux et renvoient à la fois à l’actualité géopolitique et aux changements structurels du monde :

  • la concurrence des crypto-monnaies envers les monnaies nationales ;
  • l’espionnage industriel et le pillage industriel (affaire Huawei) ;
  • la place de l’industrie dans la guerre économique ;
  • l’intelligence et l’espionnage économique ;
  • les conflits pour les ressources (minières ou autres) ;
  • la formation des normes technologiques, numériques et des brevets comme outils de la guerre économique ;
  • le salariat comme victime de la guerre économique (qui pose la question très importante de la guerre économique vue depuis les sociétés) ;
  • le rôle des macrorégions (l’Union européenne par exemple) dans la guerre économique.

La première approche de l’affrontement entre États par des moyens économiques est ancienne (l’argent étant le nerf de la guerre). Le Nigeria en pleine guerre du Biafra change de monnaie ce qui ruine le trésor de guerre du Biafra sécessionniste. Les blocus entrent dans cette même logique (les blocus sont-ils efficaces ? comment évoluent-ils de Napoléon à D. Trump et à J. Biden ?).

La deuxième thèse – l’autonomisation des guerres économiques – a trouvé son incarnation dans les travaux d’Edward Luttwak, fondateur de la géo-économie à la fin de la guerre froide. Selon E. Luttwak, la guerre classique a été remplacée par une compétition « géoéconomique » dans laquelle l’objectif central est de « conquérir ou de préserver une position enviée au sein de l’économie mondiale » (Luttwak, 1990). Cette posture nouvelle dans les relations internationales a aussi été mise en exergue par l’historien américain John Mueller qui a souligné la « hollandization » des relations interétatiques – adopter la posture d’un Etat comme les Pays-Bas qui ont renoncé à toutes compétitions territoriales pour se concentrer sur l’économie et la puissance commerciale.

Bibliographie :

CHAVAGNEUX Ch., LOUIS Marieke, 2018, Le pouvoir des multinationales, Paris, PUF.

DELBECQUE E., HARBULOT Ch., 2012, La guerre économique, Paris, PUF.

LAIDI, A., Histoire mondiale de la guerre économique, ed. Perrin, 2016.

LUTTWAK, E. N., 1990, ‘From Geopolitics to Geoeconomics: Logic of Conflict, Grammar of Commerce’, The National Interest, vol. 20, pp. 17-23.

MIKLER, J., 2018, The Political Power of Global Corporations, Hoboken (NJ), Wiley.

MUELLER, J., 2009, « War has almost ceased to exist: an Assesment », Political Science Quarterly, vol. 124, n°2, pp. 297-321.

Affiche JGR 2021