Acronyme : GU&RMSE
Intitulé : Gouvernement des universités et relations avec les milieux socio-économiques
Mots clés : Institution - Entreprise - Université - Syndicats et organisations professionnelles – Mouvements étudiants
Axe CPER : SHS
Porteurs de projet : Martino Nieddu, OMI ; Robi Morder, Ingénieur de recherche, chef du projet
Durée de projet : 2 ans
Situation du sujet : Ce projet s'inscrit dans le cadre général de l'étude des relations entre monde universitaire et mondes socio-économiques
GU&RMSE
Les relations entre monde universitaire et mondes socio-économiques sont en pleine évolution, ce que révèle la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités et les débats qu’elle soulève dans son application. La question n’est pas nouvelle : le colloque de Caen (1966) l’évoque déjà, et tant la Loi Faure (1968) que la Loi Savary (1984) inscrivent dans leur texte et dispositions la nécessité de cette relation, au travers tant des stages, de filières professionnelles, de valorisation de la recherche que de la place accordée aux « personnalités extérieures ». Néanmoins, cette relation entre université et mondes de l’entreprise et du travail n’est ni univoque – plusieurs conceptions des relations entre mondes universitaires et des entreprises existent – ni évident, parfois contesté en son principe. Ainsi, la relation université/entreprises du point de vue de l’insertion professionnelle a été mise en question au moment des mouvements sur le CPE (printemps 2006), puis du point de vue plus institutionnel avec la nouvelle loi LRU (2007) qui accroît le nombre de représentants socio-économiques au sein des Conseils d’administration.
Si la gouvernance en général est devenue un thème de recherche, la gouvernance universitaire fait l’objet de travaux plus rares (si ce n’est les travaux stimulés par C. Musselin du CSO à partir de ses propres travaux et HDR publiée depuis, La longue marche des universités, PUF, 2001). Limités aux sciences administratives ou aux sciences de gestion, ces travaux demeurent dans un strict champ disciplinaire.
L’originalité du projet consiste à croiser de façon pluridisciplinaire différentes approches :
institutionnelle au travers des questions de « gouvernance »,
économico-sociales au travers du contenu (notamment avec la mise en place du LMD) et des financements des formations en lien avec leur « professionnalisation »,
psycho-sociologiques au travers des représentations individuelles et collectives plus ou moins symboliques, souvent étudiées de manière séparée et cloisonnée.
Il s’agit dans un premier volet d’examiner les évolutions dans tous les domaines :
évolutions institutionnelles : en étudiant la place des représentants des mondes socio-économiques dans les Conseils des établissements d'enseignement supérieur et de recherche au sein des communautés universitaires, et la réalité de cette présence (types de personnalités extérieures choisies, présence effective dans les séances des conseils...)
évolution du financement des établissements et de formations par les partenaires socio-économiques et effets sur l’insertion professionnelle des étudiants : quels choix d’investissements sont faits par les entreprises envers les différentes filières, et en retour quels bénéfices immédiats peuvent-elles en retirer (recrutements ?).
évolution des perceptions de ces relations chez les acteurs : il y a t’il une ou plusieurs perceptions de l’université et des étudiants par les mondes socio-économiques, a t’elle (ont elles) changé selon les contextes, de même l’on étudiera la représentation des mondes de l’entreprise par les étudiants, notamment au travers des discours des mouvements étudiants que ce soit dans les conjonctures conflictuelles ou au travers des structures plus pérennes (associations, syndicats étudiants).
La relation avec le « monde socio-économique » s’entendra aussi des relations avec les collectivités locales et des mouvements syndicaux professionnels de salariés ou d’indépendants.
Dans un deuxième temps, on s’attachera à décrire la situation actuelle, les interprétations des nouvelles « règles du jeu » et l’enjeu des différents types de résistances aux modifications institutionnelles en cours.
Dans une perspective de croisement pluridisciplinaire et avec les moyens du projet, l’on mobilisera plusieurs disciplines et ressources :
Une approche historique générale de la question dans l’enseignement supérieur, depuis les années 1950/1960 (stages ouvriers dans les écoles d’ingénieurs, création des IUT, colloque de Caen, Loi Faure), jusqu’à nos jours (Loi Savary et réformes ultérieures avec créations de nouvelles filières professionnalisées : DEUST, IUP, création des GIP...).
Une étude comparative à l’échelle nationale portant sur plusieurs types d’universités (« université nouvelle » (UVSQ), université « traditionnelle » à Paris et en région (Sorbonne/Lyon), université/campus années 1960/1970 (Nanterre-Villetaneuse-Paris VIII / Reims). L’on utilisera la présence de chercheurs du GERME dans ces universités.
Etude d’exemples internationaux avec lesquels des relations existent : les Universités de Louvain-la-Neuve (Belgique), Perugia et Bologna (Italie).
L’on s’appuiera à la fois sur les travaux historiques nationaux et locaux quand il en existe, comme sur les archives des organisations, mais aussi sur l’approche juridique (au travers des textes législatifs et réglementaires, des débats préparatoires, des contentieux jurisprudentiels) et organisationnelle. La consultation de procès-verbaux de conseils (d’université, d’administration), l’étude de la composition desdits conseils à partir de ce que l’on peut trouver dans des archives universitaires ou privées (fonds des organisations étudiantes ou syndicales du personnel), des entretiens avec des acteurs issus des différents collèges et de « décideurs » permettront d’améliorer la connaissance du sujet en profondeur.
Rapport sur la mise en place des nouvelles structures universitaires intégrant les milieux socio-professionnels (transition des anciens conseils « loi Savary » aux nouveaux), réception par les acteurs de ces modifications (il y aura t’il modification de l’implication des entreprises dans la vie universitaire et de la perception de cette implication par les personnels et usagers, quels réticences, blocages et résistances) ?, transformations des pratiques des étudiants et enseignants se « spécialisant » dans l’administration et la gestion des universités et de leurs composantes.