« Le théâtre doit nous rendre tout ce qui est caché dans les profondeurs de notre être (...) Il faut solliciter les sens et révéler l’amour, le crime, la guerre et surtout la folie dans les aspects les plus sales, les plus honteux, les plus odieux (...) Je ne veux plus d’un théâtre qui imite la vie, je veux un théâtre qui refait la vie ».
Antonin Artaud (1938) Le théâtre et son double.
Résumé du projet
Depuis le 17° siècle, la Guyane constitue un lieu majeur ou se cotoie une extrême diversité de situations et de pratiques normatives et marginales au regard de la pluralité des groupes socio-culturels et des lieux symboliques. Il deviendra le lieu principal de notre action artistique et pédagogique, un endroit de tissage des arts des regards et des pratiques.
Le projet que nous proposons se concentrera sur la représentation d’un individu dans un lieu en questionnant sa part de marginalité et de conformisme, ainsi que sur la manière dont il l’exprime. Cette recherche sera réalisée à travers la photographie, le théâtre et l’écriture.
Il s’agira de photographier une personne dans un lieu qu’il choisit à mesure qu’il écoute des textes d’Antonin Artaud, poète qui dénonce le mensonge d’une idéalisation aliénante, dit par des comédiens guyanais de communautés différentes. On y introduira des textes d’autres poetes guyanais dont la parole résonne avec celle d’Artaud. Cette partie du projet donnera naissance à une exposition photos réalisée par le photographe-géographe Fréderic Piantoni et de la création d’un livre d’art regroupant textes et images.
Parallèlement, Ewa Kraska travaillera avec ces mêmes artistes guyanais, comédiens et musicien, de groupes sociaux différentes (Buschinengue, Amérindiens ...) sur une mise en espace de la parole d’Artaud mêlée aux dialectes, valorisant la puissance des langues et des langages, leur musicalité, poésie.
Elle questionnera la résonance de cette parole avec les parcours singuliers de chacun dans des espaces intérieurs et extérieurs hors normes (carcéraux, psychiatriques, Camp de la Transportation, Iles du Salut, forêts...) et institutionnalisés (théâtres Kokolampoe, Carma, Macouria, Kourou, l’Encre à Cayenne). Cette création théâtrale et sonore portée par ces artistes sera diffusée largement à des publics différents.
Organisation du projet
Le projet démarrera en avril 2021 avec différentes phases de résidence de recherche-création, d'actions culturelles, de restitutions (création théâtrale et exposition photographique), pour s'achever fin 2023 par un colloque de restitution à Reims et la réalisation d'un livre d'art.
Comité scientifique et artistique du projet
Ewa Kraska, Compagnie itek, porteuse du projet Artaud 973
Frédéric Piantoni, URCA, porteur du projet Hum-ArtS