AXE 1 - La fabrique de la norme

- Normes artistiques -


Description

Il s’agit de l’axe principal qui sera développé par les musicologues de l’équipe (Bertrand Porot, Florence Doé de Maindreville, Stephan Etcharry) : déterminer quels sont les liens que tissent entre eux des cultures lointaines ou des champs artistiques différents. La recherche concerne à la fois l’influence musicale, mais aussi l’appréhension d’une démarche artistique vécue comme « différente » qui permet de mobiliser le geste même d’un compositeur ou de faire évoluer son éthique artistique (les relations France-Italie au XVe siècle ou dans la France du XVIIIe siècle, l'hispanisme musical français au XIXe siècle, l’influence des musiques africaines sur les compositeurs contemporains).

Ces démarches sont ainsi à examiner à l’aune de l’existence de normes artistiques : il est en effet très difficile aujourd’hui d’envisager une recherche musicologique qui serait coupée de son contexte artistique, social, religieux ou institutionnel, tous aspects qui renvoient à la confrontation, au contournement ou à la contestation de principes, de prescriptions, de canons ou plus prosaïquement d’habitudes musicales engendrés par une certaine « fabrique de la norme ». C’est pourquoi les musicologues proposent deux projets phares pour le prochain quadriennal :

-Réécriture, emprunt, palimpseste, recouvrement : une mise à l'épreuve des normes internes de l'œuvre d'art. Les notions abordées, même si elles sont d’abord centrées sur la musique, doivent s’ouvrir et profiter d’un éclairage interdisciplinaire : ainsi le concept de « palimpseste », comme celui de « recouvrement » (l’Übermalungallemand) peuvent intéresser aussi bien des littéraires que des historiens de l'art. Il est évident que leur collaboration sera décisive dans un tel type de questionnement. Le projet s’envisage de manière diachronique : les pratiques de réécriture sont courantes à l’époque baroque et romantique et les emprunts, voire les autocitations, font souvent partie du travail d’écriture d’un compositeur, s’ouvrant à la période contemporaine sur la notion de work in progress. Tous questionnent, à des degrés divers, la norme artistique devant ou contre laquelle se construit une œuvre d’art. Le projet aboutira à un colloque ou à une journée d’études préparés en amont par des séances de séminaires.

-Musique et théâtre : inclusion, exclusion, le jeu sur les normes (projet mené en collaboration avec le centre de recherche en arts de l’université d’Amiens, le CRAIF). La recherche commune portera, à travers des sujets et des objets précis, sur les relations qui s’instaurent entre la musique et les arts, en particulier les arts de la scène : inclusion, exclusion, illustration, restitution, rencontres. Elle examinera plus particulièrement la manière dont les deux expressions artistiques reculent les limites assignées à l’une et à l’autre par des normes implicites ou imposées. La recherche s’inscrit dans une visée diachronique qui concerne toutes les périodes et les manifestations artistiques entre le Moyen Âge et le XXIe siècle. Ainsi son objet n’est pas de circonscrire une période en particulier, mais de faire émerger les dynamiques qui tentent de jouer sur les limites mêmes des deux domaines considérés. Sous forme de séminaires et de journées d’étude, on s’efforcera de trouver un équilibre entre les apports théoriques des chercheurs investis dans ce projet et les expérimentations pratiques (ateliers), qui viendront relancer la réflexion, par ex. sur la musicalité du jeu de l’acteur, et l’impact qu’avait la musique sur le surgissement émotionnel ou encore les changements opérés dans le jeu interprétatif des musiciens qui accompagnent en direct une improvisation théâtrale.