Rencontre avec Arnaud Haudrechy

Le Zoom du mois de mai propose des rencontres avec des enseignants-chercheurs de l'URCA qui travaillent également en tant qu'experts évaluateurs pour la Commission européenne.

Arnaud Haudrechy est chercheur au sein du laboratoire ICMR (Institut de Chimie Moléculaire de Reims) et il est actuellement expert pour des propositions de projets PHC (Partenariat Hubert Curien). Il a également été Point de Contact National et expert pour les actions Marie Curie sous le 7ème PCRD.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ai fait une thèse à Paris VI en chimie, puis un post-doc aux États-Unis et j’ai ensuite été maître de conférences à Orsay pendant 10 ans. Maintenant je suis chercheur en chimie organique et Professeur des universités à l’URCA et je travaille notamment sur les agro-ressources. J’ai été expert pour des projets Marie Curie (MSCA) lors des 6ème et 7ème PCRD. Même si je ne suis plus expert dans le cadre d’H2020, je relis encore beaucoup de dossiers MSCA de manière informelle, pour des collègues. En revanche, j’expertise toujours des candidatures pour des Partenariats Hubert Curien (PHC).

Comment êtes-vous devenu expert évaluateur et pour quel type de projet ?

Que ce soit pour les projets MSCA ou pour les PHC, cela s’est fait de manière informelle, via d’anciens collègues qui m’ont proposé de reprendre cette mission (MSCA) ou qui m’ont demandé d’apporter mon expertise sur certains dossiers (PHC).

Je suis ensuite devenu expert répertorié pour les PHC en 2009 et j’examine à peu près une trentaine de dossiers par an, principalement sur le programme Tassili. Pour devenir expert-évaluateur pour les projets PHC, il faut d’abord être reconnu en tant qu’expert par la Commission européenne pour que le CNRS puisse nous contacter.

Je suis particulièrement impliqué sur les projets avec le Maghreb, le Liban ou encore la Chine. Mes domaines d’expertise sont la chimie, la physique des matériaux, ainsi que la biochimie.

En quoi consiste le travail d’un expert évaluateur ?

Pour les PHC, dans un premier temps, je relève les informations essentielles, je vérifie quelques publications et quelques éléments du CV pour voir si les informations fournies sont réelles. Avec l’expérience, ça me prend à peu près une heure par dossier.

Ensuite, il me faut environ deux heures pour remplir le rapport d’évaluation qui s’organise sous forme de rubriques où il faut donner un maximum de détails, surtout si on fait des critiques négatives, il faut être capable d’expliquer pourquoi.

Les évaluations sont établies de manière séparée, puis les experts des deux pays concernés se réunissent pour harmoniser leurs préférences (consensus assez simple à atteindre en général). Le nombre de dossiers par experts est variable mais est souvent proche d’une quinzaine (de manière officielle, car pour certains dossiers « à problème », un expert est souvent amené à donner un avis que je qualifierais de « candide »).

Qu’est-ce que ce travail vous a apporté ?

C’est une expérience très enrichissante qui permet de mieux comprendre la logique des programmes. Personnellement, je fais ça par plaisir plus que par intérêt car la rémunération n’est pas significative par rapport au temps passé sur les dossiers ; il ne faut pas compter ses heures. Aussi, je pense qu’il ne faut pas hésiter à solliciter d’autres chercheurs qui ont été experts pour profiter de leur expérience et de leurs conseils.

Être expert me permet de me tenir au courant de ce qui se fait dans les domaines de la recherche. Je ne tire d’ailleurs aucun avantage professionnel puisque je refuse désormais de monter des projets PHC ou d’être expert pour un projet monté par un membre de l’URCA. Je pense que ça ne serait pas déontologique.

Avez-vous des conseils de rédaction pour une proposition réussie ?

Tout d’abord on ne peut pas nier que les projets européens présentent un taux d’échec souvent décourageant et que le dossier est complexe. De plus, comme ces programmes comportent beaucoup de rubriques, celles qui s’éloignent un peu de la science pure sont parfois négligées, par exemple la partie communication, qui est de plus en plus importante. Les chercheurs ne sont pas habitués à ce genre d’exercices : écrire des articles de vulgarisation, monter un budget, etc. Etre expert évaluateur permet de prendre conscience des rubriques à ne pas négliger et pour lesquelles il ne faut pas hésiter à se faire aider par les cellules support.