Rencontre avec Abdelkhaleq Chakir

Pesticides

Entretien avec Abdelkhaleq CHAKIR, du Groupe de Spectrométrie Moléculaire et Atmosphérique (UMR CNRS 7331) coordinateur d’un projet PHC Maghreb

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Enseignant-chercheur au GSMA, je travaille sur la chimie de l’atmosphère, plus particulièrement sur le devenir de la matière organique (exemples : composés organiques volatils et des pesticides) et leur réactivité dans l’atmosphère.

Pourriez-vous présenter votre projet financé dans le cadre du PHC (projet scientifique, date de début et de fin de projet, partenaires, …) ?

Il s’agit d’un projet de 3 ans (début 2015 à fin 2017) avec le Maroc, la Tunisie et l’Algérie qui porte sur la contamination de l'eau et de l’air par les pesticides, application de l'electrooxydation et la biodégradation des rejets agricoles.

Les rejets directs ou indirects des effluents des pratiques agricoles, dans les littoraux maghrébins et de la France, constituent les causes importantes de dégradation des écosystèmes. Par ailleurs leurs émissions dans l’air contribuent à la dégradation de la qualité de l’air. De ce fait, l’utilisation des pesticides nécessite d’approfondir, nos connaissances sur leur comportement dans toutes les sphères de l’environnement et, ainsi, mettre en place de nouvelles technologies permettant de réduire leur impact.

L’URCA est coordinatrice du projet qui est décomposé en 3 tâches scientifiques principales. Notre équipe Réactivité des Processus Atmosphérique au GSMA étudie la réactivité atmosphérique des pesticides ciblés par le projet, le laboratoire de génie des procédés de l’ENSA d’ Agadir travaille sur la dégradation de ces polluants dans l’eau par les processus électrochimiques et l’INSAT de Tunis travaille sur la dégradation de ces contaminants par les microorganismes dans le sol. Enfin, le laboratoire de génie chimique de l’Université de Toulouse III Paul Sabatier s’intéresse aussi à la dégradation électrochimique de ces composés.

Les objectifs du programme PHC comprennent la formation de doctorants en co-tutelle entre les universités du Maghreb et les universités françaises. Ce programme permet aux jeunes doctorants de compléter leur travaux de recherche dans des laboratoires français de renommée internationale.

Comment s’est construit votre projet ?

J’ai rencontré les partenaires lors de colloques internationaux sur les thématiques qui portent sur la pollution de l’environnement, nos thématiques communes de recherche nous ont donné envie de collaborer.

J’avais déjà coordonnée un projet PHC Volubilis auparavant (maintenant Toubkal, partenariat franco-marocain), je connaissais donc le dispositif.

Quelles dépenses sont prises en charge par le projet ?

Tout d’abord, le projet a permis le financement de trois thèses en cotutelle dont deux à l’URCA: la première entre l’URCA et l’Université d’Agadir qui porte sur l’étude de dégradation atmosphérique de tebuconazole de l’Imazalil et de ses métabolites. Application de l'electrooxydation comme moyen de l'épuration des rejets agricoles contaminés par le Thiabendazole et l’Imazalil.

La deuxième entre l’URCA et l’Université de Carthage Tunis traite la dégradation des pesticides Azolés à l’interface air/sol et détoxification de leurs résidus par les enzymes : Approche biochimique et bio-informatique. La troisième cotutelle a été mise en place entre l’Université Paul Sabatier de Toulouse et l’Université de Telmsan Algérie sur le traitement des rejets chargés en pesricides par voies électrochimiques.

Ces cotutelles impliquent des mobilités de plusieurs mois ( 4 à 6 mois/an) de doctorants ou « chercheurs juniors » du Maghreb vers la France qui sont financées par le programme à hauteur de 45 €/jour. Des mobilités d’une semaine sont également financées pour les « chercheurs seniors » impliqués dans le projet (les co-responsables de thèse).

Ensuite, et c’est une spécificité du PHC Maghreb, nous disposons d’une allocation pour les frais de fonctionnement liés au projet (consommable, logistique), à hauteur de 10 000€/an.

Comment sont gérés les fonds qui vous ont été attribués ?

Le budget pour la mobilité est géré directement par Campus France, contrairement à l’allocation de logistique qui est versée à l’université, comme pour les autres projets européens.

Quels sont selon vous les avantages et les inconvénients de ce dispositif ?

Les avantages sont bien évidemment de pouvoir financer des thèses, le dispositif des cotutelles est très intéressant. Les PHC permettent également de mettre en place des collaborations internationales avec d’autres laboratoires.

Au niveau des inconvénients, la principale difficulté à laquelle j’ai été confronté est le décalage entre le calendrier du projet et le calendrier de l’université, notamment au niveau des paiements qui sont parfois versés en automne par le programme PHC alors qu’au niveau de l’université il faut avoir tout dépensé avant la fin de l’année.

Recommanderiez-vous ce dispositif aux chercheurs de l’URCA ?

S’ils souhaitent développer leurs échanges scientifiques et avoir une visibilité à l’international oui ! C’est également intéressant pour les collaborations nord / sud dans mon cas et pour former des doctorants.