L'ingénieure de recherche
Caroline Demeyère a rejoint la Chaire ESS en tant qu’ingénieure d’études au 1er septembre 2020. Caroline a obtenu l’Agrégation du secondaire en SES en 2015. Elle a enseigné en lycée, puis quatre ans à Sciences Po Lille puis à l’Université Paris Nanterre. Elle a soutenu sa thèse en octobre 2020. Sous la direction du Pr. Eric Pezet (Paris Nanterre) et de Guillaume Delalieux (Sciences Po Lille), sa thèse porte sur la collaboration entre les pouvoirs publics et les associations dans l’action publique. Elle a conduit une ethnographie à l’échelle inter-organisationnelle en s’immergeant durant trois ans dans un champ régional dédié aux politiques d’égalité entre les femmes et les hommes, par une double entrée associative et académique. Son enquête combine une perspective longitudinale rétrospective en retraçant l’évolution des relations entre pouvoirs publics et différents types d’associations (syndicats et partis politiques, associations féministes, féminines et familiales, autres structures de l’ESS) depuis les premières politiques publiques régionales en 1981 et une étude de la dynamique collaborative en cours de 2016 à 2020.
Sa thèse propose une typologie des stratégies associatives et gouvernementales à l’égard de la collaboration en fonction des positions des acteurs au sein des Champs d’action stratégique et des impacts organisationnels de la collaboration. Elle montre le travail mis en œuvre par les acteurs en interaction pour résoudre les paradoxes d’une collaboration devant s’articuler aux deux logiques de régulation préexistantes dans l’environnement institutionnel : la logique hiérarchique correspondant à l’administration publique traditionnelle et la logique de marché issue du New Public Management (NPM). Elle soutient que l’avènement d’un paradigme collaboratif de l’action publique distinct du NPM est conditionné à une transformation du rôle, des responsabilités et des modes de fonctionnement des acteurs publics, des outils de gestion des relations acteurs publics-associations et des modes de financement de l’action publique. Elle propose une réflexion sur l’éthique du management public collaboratif à construire.
Caroline cherche à valoriser ses travaux doctoraux et à développer de nouveaux projets les prolongeant. Ses terrains de prédilection sont ceux associés à la lutte contre les discriminations au sens large, à la lutte contre la précarité, à la gestion de la crise migratoire et l’organisation des mouvements sociaux. Elle apprécie les méthodes de recherche immersives (ethnographie, recherche-action, recherche intervention). Les questions de la restitution des travaux de recherche aux acteurs, et de co-construction du savoir entre acteurs de terrain et chercheurs et chercheuses lui apparaissent fondamentales. Elle a développé une sensibilité particulière pour les méthodes théâtrales inspirées du théâtre de l’opprimé à des fins de recherche et d’enseignement.