Axe 4 « Espaces de la représentation »


Responsable : Yann CALBERAC

Du fait de son emprise sur le monde des idées, la notion de représentation occupe une place importante dans le champ des études littéraires et des sciences humaines puisqu’elle envisage le fait culturel dans sa globalité en assurant son actualisation par le biais méthodologique d’un double régime de verbalisation, celui de la description et de l’interprétation.

Les recherches que fédèrent cet axe ont ainsi pour point commun d’interroger les cadres esthétiques et intellectuels qui configurent l’appréhension du monde, qu’il s’agisse de représentations mentales, textuelles et visuelles (images fixes ou en mouvement).

De ce fait, les « discours » structurants afférents à la représentation se signalent par une approche heuristique de vaste ampleur. À la fois dans le temps, comme en témoignent les champs du savoir multiples que ces enquêtes sont à même d’investir — histoire, histoire des lettres, histoire morale et politique, histoire des mentalités, histoire du patrimoine artistique, histoire des images (iconologie, iconographie), histoire de la rhétorique et des techniques, histoire culturelle et scientifique, histoire de la langue et du patrimoine linguistique (adaptations, translations, transpositions), histoire des productions intellectuelles, histoire des croyances, histoire du spectacle vivant, sociologie, anthropologie. Mais aussi dans l’espace : l’approche sémiotique qui structure et construit le discours sur les représentations s’effectue à la fois et alternativement en synchronie ou en diachronie, autorisant des démarches comparées, telles que Christian Jacob en a montré la pertinence dans son projet d’anthropologie comparée des sciences, « Les lieux de savoir ».

Dans son rapport de 2018, l’HCERES évoquait une « organisation souple des axes ». Rappelons que le CRIMEL est la résultante de deux entités de recherche qui l’ont précédé, la première portant sur l’histoire des courants esthétiques (les classicismes), la seconde sur l’inscription des imaginaires culturels et patrimoniaux, des structures mentales, affectives, culturelles et/ou intellectuelles qui contribuent au geste culturel et à la fabrique de l’œuvre d’art. Comme le souligne le rapport HCERES 2022, l’axe 4 contribue à fédérer les approches engagées par les axes 1, 2 et 3 : la question de la représentation contribue à la définition générique des discours (axe 1) et des médiums afférents (axe 3) ; les pratiques de lecture (axe 2), en partie liées au support livresque en tant qu’objet matériel (axe 3), se comprennent en fonction du rapport au monde qu’induisent et que construisent leurs représentations.

Le risque de dilution (pointé dans le même apport HCERES 2022) peut donc être maîtrisé dès lors que le discours sur les représentations s’inscrit dans une histoire des modèles, dès lors que l’on comprend que les 3 premiers axes ressortissent à une approche scénographique des imaginaires culturels et intellectuels. L’approche scientifique afférente aux représentations, d’ailleurs, peut s’avérer extrêmement incitatrice pour les doctorants (voir la thèse de Rose-Lucie Cahoua sous la direction de Nathalie Preiss : « La figure de M. Prudhomme au XIXe siècle »). Elle se prête en outre à l’exercice de vulgarisation, ce dont témoignent les prises de parole de membres du CRIMEL à la fois dans les médias nationaux (radios, journaux), et dans les centres culturels régionaux (Reims, Chaumont, Troyes).

Enfin, la définition de cet axe 4 entend répondre à la création à l’Université de Reims d’une filière d’enseignement (Licence et Master) en arts du spectacle, et au recrutement d’une collègue en études théâtrales (18e section du CNU). L’axe 4 offre donc un adossement scientifique à ces formations tout en permettant de nouer des collaborations avec les établissements d’enseignement supérieurs en arts de la région – Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims ; Centre National des Arts du Cirque (CNAC), Châlons-en-Champagne ; Institut International de la Marionnette, Charleville-Mézières ; École Supérieure d’Art et de Design, Reims – et avec les institutions culturelles labellisées – Comédie de Reims (Centre Dramatique National), Manège de Reims (Scène nationale), Césaré (Centre National de Création Musicale)… L’axe 4 bénéficie ainsi de nouvelles perspectives programmatiques qui permettront à la fois de développer des recherches innovantes, tout en renforçant les liens du CRIMEL avec le territoire rémois et champardennais. Bien plus, cet axe donne également de la visibilité aux multiples démarches de recherche-création entreprises par plusieurs membres du CRIMEL.

L’axe 4 donnera une large place aux travaux sur les représentations éducatives (dans le prolongement de la journée d’étude du décembre 2021 « Educatio regia. La Compagnie de Jésus et les enjeux de l’éloge (1602-1651) », en collaboration avec l’UC Louvain, en attendant de la parution d’un volume consacré à la question dans la collection « Héritages critiques ». Ces travaux doivent mener à des collaborations plus étroites entre historiens et littéraires de centres nationaux ou internationaux sur la question (UC Louvain ; LARHRA Lyon).

Enfin, des liens vont se tisser entre l’axe 4 du CRIMEL et l’axe 3 de la Maison des sciences humaines de l’Université de Reims. Ce dernier, intitulé « Patrimoine, textes, langages, cultures », lui-même fédérateur des deux premiers, a pour objet d’articuler aux différents domaines d’application de la notion de patrimoine (textuel et documentaire, linguistique, matériel, immatériel, culturel) les processus de transition, de transformations et de mutations. Il s’agit donc « de considérer les patrimoines non comme des ensembles prédéterminés, mais, à rebours de l’usage courant du terme (ce qui est reçu en héritage), comme des objets complexes, toujours en voie de redéfinition et de reconfiguration, selon la variabilité des paramètres sociaux, idéologiques, politiques et économiques » (J.-L. Haquette). Parmi les orientations futures, plusieurs thèmes intéressent directement les membres du CRIMEL : les transformations des canons dans la création littéraire artistique et intellectuelle (tradition vs innovation ?) ; images et imaginaire gastronomique dans la constitution d’un patrimoine national ; hétérotopies thermales (projet régional à visée culturelle sur la représentation de la cure et sur le rapport à soi qu’il induit).