Axe 1 « Transmissions, inflexions et reconfigurations des modèles d’écriture »


Responsable : Cécile GAUTHIER

L’axe I, « Transmissions, inflexions et reconfigurations des modèles d’écriture », met en évidence la question centrale du CRIMEL (Centre de Recherche sur la Transmission des Modèles), celle du modèle dans l’histoire des textes, sous l’angle de l’écriture.

Cet axe regroupe des chercheurs spécialistes de littérature antique, française ou comparée.

La notion de modèle est donc cardinale, associée à l’idée de tradition, de continuité ou de circulation des textes dans le temps et les lieux, par imitation ou émulation. Mais la réécriture peut aussi être infidèle jusqu’à la défiguration ou la rupture, invitant à penser la réversibilité du modèle en contre-modèle.

Le modèle que l’on imite ou écrit et réécrit peut correspondre à un ou des textes, à un genre au sens de normes d’écriture, de propriétés discursives ou de classe de textes, à une forme (par exemple une métaphore), à une matrice narrative, mais aussi à une personne (un « auctor »), un personnage, un mythe, un type, un topos, un schème discursif (par exemple un scénario). Ainsi le modèle, objet d’étude en soi y compris dans ses différentes déclinaisons, peut être historique, concrétisé dans une occurrence première ou tenue pour telle (un texte fondateur), structurel (les propriétés d’un genre), ou théorique et se distinguer de ses concrétisations par exemple en tant que formule de création (le sonnet), ou idéal de création à atteindre plutôt qu’à imiter.

Les modèles, en particulier certains d’entre eux, personne, personnage, type et mythe, sont volontiers associés à des représentations concrètes, artistiques (peintures, gravures etc.), mais aussi à des images mentales ou encore à des représentations sociales soumises à des normes (par exemple genrées) qu’il convient d’interroger. Des savoirs peuvent également sous-tendre ou irriguer la constitution des modèles, ou constituer eux-mêmes des modèles en tant que formations discursives identifiables, transmises et réécrites.

On voit apparaître la richesse du champ dessiné pour cet axe qui touche au cœur de la littérature, de ses constituants, de son fonctionnement : l’écriture comme réécriture de textes littéraires ou non littéraires (l’intertextualité), sans négliger les liens avec les arts visuels (intersémioticité) dont les arts du spectacle vivant pour le genre théâtral (intermédialité), donc à la croisée de la poétique, de l’histoire des textes, et de l’histoire des représentations artistiques et mentales. De plus le modèle d’écriture se renverse volontiers en modèle de lecture, d’où les liens étroits également avec l’axe 2.

Les recherches peuvent prendre plusieurs orientations, et concerner des tranches temporelles plus ou moins longues ; elles portent notamment sur :

- la réécriture de textes fondateurs, de textes sources ou de modèles génériques (littéraires ou non littéraires) ;

- la réception dans le temps d’un auteur de référence (Virgile, Boèce…), soit la configuration et reconfiguration de son image, objet d’étude qui montre les liens entre lecture et réécriture ;

- la reproduction ou la reconfiguration de motifs, de matrices fictionnelles (par exemple associées à un personnage mythologique, à une figure métaphorique), et la subversion possible des normes, par l’inflexion de ces modèles ;

- la traduction, forme particulière de réécriture, qui entretient un rapport complexe au texte et à la langue dits « sources », dont on peut questionner le statut de modèle.