Journées Géopolitiques de Reims 2023
9ème édition
Genre et géopolitique
Les jeudi 16 et vendredi 17 novembre 2023
Les Journées Géopolitiques de Reims (JGR) sont des conférences publiques et gratuites de géopolitique.
Cette 9ème édition des Journées Géopolitiques de Reims (JGR 2023) propose de revenir sur le renouvellement épistémologique initié par les approches féministes et queers ces trente dernières années, en particulier celles émanant des chercheuses et chercheurs francophones.
En effet, la plupart des manuels de géographie politique anglophones, comme celui d’Agnew, Mamadouh, Secor et Sharp de 2015, date le tournant critique dans la sous-discipline aux années 1980. Wallerstein propose sa théorie marxiste des systèmes-mondes en 1979, puis O’Toal développe la géopolitique critique en problématisant les puissantes représentations géographiques sur lesquelles s’appuient les politiques mondiales et nos gouvernants (1986). Ce renouvellement a été à son tour questionné quand la géographie politique féministe a mis en évidence ses travers masculinistes (Kofman et Peake 1990) : elle s’est attelée à dénoncer la construction et la hiérarchisation spatiale du « politique », prônant à l’inverse des pratiques incarnées à partir d’une nouvelle « première échelle », celle du corps (Smith, 1992).
La rencontre entre le genre et la géopolitique donne l’opportunité d’étudier, avec un regard renouvelé, les articulations protéiformes et multiscalaires entre espace, échelle et pouvoir. Plusieurs questionnements viendront nourrir ces JGR :
En quoi les géographies féministes et queers contribuent-elles à renouveler les manières d’appréhender des concepts classiques de la géopolitique comme l'Etat, la nation, la frontière ou des champs comme celui des migrations ?
Quels sont les rapports de pouvoir qui traversent l'espace public et l'espace privé, et quelles critiques de cette conception duale ces géographies proposent-elles ?
Comment les approches féministes de la géopolitique réinterrogent-elles les échelles de la violence et de la sécurité ? Et comment invitent-elles à une approche complexe et unique de la violence (Pain, 2015) qui dépasse le soi-disant monopole légitime des États pour rendre visible la dimension intime des conflits ?
Le programme que nous avons élaboré vise à couvrir ces thématiques assez variées, en plaçant au centre de nos questionnements la relation savoir-pouvoir : comment les penseuses féministes contribuent-elles à remettre en question le monopole d’énonciation du savoir légitime ? C’est aussi pour cela que nous avons souhaité donner la parole à une diversité d’intervenant.e.s de statuts différents, dont certain.e.s sont dans des situations de précarité institutionnelle, ce qui nous permettra d’éclairer aussi de cette manière, dans notre configuration même, les modalités de production des savoirs et de leur reproduction.