Retour sur la journée d'études du 6 novembre 2020
Dans le cadre de l’Axe Territoires et Organisations (Sandra Mallet, Unité de recherche Habiter et Muriel Frisch, Unité de recherche Cérep), le groupe de travail « Territoires apprenants » a organisé une journée d’étude intitulée : « Les territoires apprenants : dynamiques de formation initiale et professionnelle » à la Maison des Sciences Humaines, sur le campus Croix Rouge.
Cette journée d’étude a fait suite au travail pluridisciplinaire engagé en 2019 sur les thématiques des « faibles densités » et des « territoires apprenants ». Ce dernier nous avait permis d’étayer le concept de « territoire apprenant » en mettant en relief les idées suivantes : le passage d’un mot valise dans une vision critique (Thémines, J.F, 2018) à une école étendue (Genevois&Poyer, 2010) ; le milieu comme générateur de savoirs à certaines conditions avec le concept de contre-transposition (Frisch, 2016) ; une logique de mise en réseau : d’écoles, d’organisations de travail, d’associations, de sociétés apprenantes ; la mise en œuvre de formes d’intelligence collective et de cohérences d’équipe à travers la relation entre acteurs ; les modalités d’opérationnalisation dans le cadre d’un partenariat ; la nécessité de développer des compétences analytiques, intégratives, transformatrices…
Elle a permis de croiser les approches issues de différents champs de recherche, de croiser les entrées de territoire, formation, innovation qui gravitent autour de la notion de « territoire apprenant » et qui peuvent contribuer à sa caractérisation en tant que concept. Elle a eu également pour vocation de poursuivre la réflexion qui sous-tend la construction d’un projet de recherche ANR.
Le matin, plusieurs communications ont eu lieu :
- Celle de François Bost : « Les territoires et leur rôle de levier dans la réindustrialisation » (Habiter)
Face aux crises économiques et sociales successives, mais aussi face aux nouveaux enjeux liés à la triple transition climatique, écologique et énergétique, les territoires se sont progressivement imposés comme des leviers importants et incontournables dans la redynamisation des bassins d’emplois par leurs effets reconnus de bottom up. À cet égard, les territoires ne sont plus vus comme de simples supports pour les activités économiques, mais comme des lieux générant potentiellement des externalités favorables en raison des dynamiques de proximité qui peuvent s’y réaliser à cette échelle. Le nouvel impératif de réindustrialisation et de relocalisation des activités apparu ces toutes dernières années en France dans un contexte de recherche de souveraineté renforcée les conforte encore dans cette mission difficile d’accélération des transformations. Les ressorts territoriaux sont cependant encore insuffisamment analysés, en dehors des approches théoriques menées en économie des proximités et en analyse spatiale, et qui souffrent du manque d’études de cas précises et surtout actualisées. Le contexte covidien actuel complique encore la donne, car il invite à renouveler le regard porté sur le rôle spécifique des territoires. Porteurs de beaucoup d’espoirs, les territoires connaissent cependant aussi de nombreuses limites, ce qui explique qu’ils agissent et réagissent à travers leurs acteurs en ordre très dispersé.
- Celle d’Emmanuelle Leclercq (Cerep) : « La relation formation emploi au prisme des territoires »
Cette communication a mis en avant les enjeux, les outils, les politiques qui permettent d’envisager la relation emploi au regard des contraintes des territoires tant d’un point de vue économique, d’emploi et de possibilités de formation. En partant de l’analyse de Lucie Tanguy sur cette question et des travaux du CEREQ, l’intervention a mis en évidence les dynamiques en place, les relations entre acteurs en s’appuyant sur des exemples ciblés sur des territoires caractéristiques.
Puis une première discussion collective s’est engagée sur les apprentissages dans les territoires et sur la notion de « territoire apprenant ».
L’après-midi a été consacré à une Table-ronde organisée par Anne Glaudel (Cérep) « Regards pluridisciplinaires sur les territoires et la formation » qui a eu pour objectif de réaliser un travail pluridisciplinaire en géographie, urbanisme, sociologie et sciences de l’éducation et de la formation pour étayer conceptuellement la notion émergente de « territoire apprenant », dans le champ des recherches en éducation et formation.
Chaque chercheur(e) impliqué(e) a dû proposer un travail en choisissant un ou deux mots clés en lien avec « Territoire apprenant » comme : territoire, réseau, lieu, acteur, innovation, apprentissage, formation en explicitant comment ce terme est abordé dans sa discipline ou champ de recherche, et, quelle place cette notion occupe dans ses propres travaux…
Ce qui nous a permis d’élaborer plusieurs textes qui feront l’objet d’une communication à plusieurs voix lors du prochain colloque IDEKI1 intitulé « Intelligence collective, Rapport(s) au(x) savoir(s) et professionnalisation, dans les métiers de l’humain et pour les métiers de l’humain ». Colloque initialement prévu les 4 et 5 décembre 2020 et reporté au 2 et 3 décembre 2021. Son axe sept est consacré à l’entrée « Territoires apprenants ». Dans cet axe il s’agit de considérer le « faire apprendre » dans une multitude d’espaces : (scolaires, professionnels, associatifs, organisations de travail), de lieux d’intervention (voire de tiers lieux et/ou de non-lieux), dans le contexte des transformations du marché du travail et en référence à des situations mobilisatrices de travail qui favorisent des formes d’inclusion sociale et scolaire.
1 Avec comité scientifique, et, comité d’organisation piloté par Muriel Frisch, Directrice de l’unité de recherche Cérep (Centre d'études et de recherches sur les emplois et les professionnalisations) (EA 4692) de l'Université de Reims Champagne Ardenne