Trans’Urba - L’urbanisme transitoire au service de la transition écologique, économique et sociale des espaces

Programme financé par l’ADEME (APR TEES)
Projet porté par Sandra Mallet (MCF HDR)

L’urgence face au changement climatique, les nécessités d’adaptation et l’impératif de développement durable, induisent la nécessité de reconsidérer les différentes temporalités en présence, les manières de se projeter dans le futur, de repenser les articulations entre court, moyen et long termes. Le projet Trans’Urba postule qu’une meilleure compréhension de la question temporelle constitue une clé majeure de la construction de la TEES (Transition Ecologique, Economique et Sociale). L’objet de la TEES étant d’engager de nouvelles manières d’agir pour l’avenir, la question de la production contemporaine de l’espace urbain ne peut se passer d’une réflexion sur la durabilité des actions et d’une maîtrise des articulations temporelles.

L’objectif du projet est d’interroger les modalités d’articulation des différentes temporalités de l’action sur l’espace urbain en étudiant les initiatives d’urbanisme transitoire. Ces initiatives visent l’appropriation temporaire d’espaces vacants, conçue comme une étape dans un projet, pour contribuer à sa définition ou permettre l’occupation et l’utilisation de ces espaces le temps que ce projet se réalise. Ces expériences reposent sur une diversité d’usages (tiers-lieux, agriculture urbaine, ESS, recycleries, etc.) qui constituent autant d’actions concrètes en faveur de la transition.

Il s’agit ici de comprendre la manière dont se déploie l’urbanisme transitoire, ses innovations, tout comme ses impacts sur l’espace urbain, ainsi que la manière dont l’action publique locale peut s’en saisir afin de renforcer sa capacité d’agir en matière d’urbanisme de transition.

Deux hypothèses sont posées :

(H1) l’urbanisme transitoire renouvelle la façon de penser et de concevoir le temps et l’affirme comme une ressource stratégique de l’aménagement de l’espace ;

(H2) pour cette raison, l’urbanisme transitoire contribue à construire la TEES des systèmes urbains :

a) face à l’urgence liée au changement climatique, il offre une capacité d’accélération du changement que possèdent difficilement des pratiques d’urbanisme classiques ;

b) il propose de meilleurs emboitements entre les différentes durées et phases des projets.

Le projet entend lever certains verrous. Le risque le plus important des initiatives d’urbanisme transitoire repose sur leur degré de considération dans le projet urbain final, et donc de réduire leur portée à court et moyen termes. Leur apport à la transition écologique et sociale peut, potentiellement, être freiné par deux facteurs principaux. D’une part, leur capacité à revaloriser des lieux en friche, par leur image positive, dynamique et créative, peut être instrumentalisée pour servir un projet d’urbanisme classique sans tenir compte de leur apport en matière de TEES. D’autre part, ces initiatives peuvent se heurter aux pratiques d’urbanisme traditionnelles et occasionner des conflits, parfois virulents. Il s’agit alors d’interroger la manière dont l’urbanisme transitoire peut être utilisé au mieux afin de répondre aux enjeux de la transition à différents horizons temporels.

Le projet Trans’Urba repose sur un travail d’enquêtes centré sur les mécanismes de construction des temps par les acteurs. Il s’agit de comprendre comment les acteurs du projet « font avec » le temps ainsi que les articulations temporelles qui sont faites avec la TEES des espaces urbains. Il analysera :

- a) la manière dont sont pensés les horizons temporels, les projections dans la durée, la place accordée à la transition dans ces projections ;

- b) les jeux d’acteurs, afin de comprendre quels acteurs sont les principaux « donneurs de temps » ;

- c) les apports de l’urbanisme transitoire en matière de TEES.

Le projet s’appuie sur une étude empirique de 3 terrains spécifiques : Darwin Eco-système à Bordeaux, l’îlot Mazagran à Lyon, la Lainière dans la métropole lilloise. Les enjeux et spécificités qui traversent ces projets permettent de saisir les logiques à l’œuvre d’un urbanisme transitoire en train de se faire dans ses différentes dimensions (expérimentale, solidaire, transformatrice et conflictuelle) et monté par différents opérateurs (entreprise, association, SEM).

Le projet se déroulera en trois grandes étapes : 1/Analyse globale des politiques urbaines des trois métropoles en présence ; 2/Etude approfondie de trois initiatives d’urbanisme transitoire ; 3/Mise en relation des analyses.

Une journée d’études sera organisée en octobre 2023 sur le thème de l’urbanisme transitoire au service de la TEES, permettant des échanges et la formation d’un réseau d’acteurs autour des questions de la fabrique urbaine dans le cadre de la TEES.

Les résultats permettront d’identifier des modèles temporels pour renforcer la capacité d’action des politiques publiques territoriales en faveur de la TEES. Ils visent à répondre à leurs demandes croissantes d’expertise concernant les temporalités de la fabrique urbaine.

Période de financement : 2022-2024

Montant du financement : 174 k€

Membres de l’équipe projet : Cyril Blondel (Habiter, Reims), Benoît Dugua (Habiter, Reims), Marc Dumont (TVES, Lille), Annette Groux (TVES, Lille), Sandra Mallet (Habiter, Reims), Arnaud Mège (Habiter, Reims), Sébastien Piantoni (Habiter, Reims), Thomas Zanetti (EVS, Lyon).