Haramila JOLLY-BOUFENGHOUR

Inscrite en doctorat depuis 2012.

Sujet : "Le théâtre communiste international durant l'entre-deux-guerres (1917-1939)", sous la direction de Philippe Buton.

Enseignante d’histoire-géographie depuis 1997, j’ai soutenu mon DEA en histoire contemporaine, Théâtre et communisme, l’exemple du groupe Octobre (1932-1936), en juin 1998 sous la direction de Philippe Buton, à l'Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA). Pour ce travail de recherche, j’avais effectué en avril 1998 un voyage d’études à Moscou au Centre russe de conservation et d’études des documents en histoire contemporaine où sont conservées les archives de l’Internationale communiste (ou Komintern ou IIIe Internationale). Grâce à ces archives, j’ai pu démontrer que le groupe Octobre de Jacques Prévert, groupe de théâtre prolétarien français (1932-1936), avait été communiste à un moment où le Komintern était soumis à Staline, et ce, contrairement aux témoignages des membres du groupe. J’ai publié le résultat de mes recherches : “ Le groupe Octobre et le communisme. Une mémoire reconstruite ”, Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, Paris, n° 8, 1998, pp. 339-354. En 2011, j’ai participé à l’émission “ La fabrique de l’histoire ”, animée par Emmanuel Laurentin (France Culture) sur le thème : “ Théâtre et politique 3 / 4 : le groupe Octobre ”. Depuis 2012, dans le cadre de ma thèse, j’étudie le théâtre communiste dans une perspective transnationale.

Projet de thèse:

Ma thèse porte sur les relations entre le théâtre et le communisme durant l’entre-deux-guerres. Dès juin 1929, l'idée de création d'un théâtre communiste international avait été soulevée au sein de l'Internationale communiste. En décembre 1929, des représentants du théâtre ouvrier allemand et russe se réunirent à Moscou afin d'organiser pour la première fois le mouvement théâtral ouvrier à l'échelle internationale. De cette rencontre naquit l'Union Internationale du Théâtre Ouvrier (UITO), organisation auxiliaire de l'Internationale Communiste (Komintern), rattachée au Profintern (l'Internationale syndicale rouge - ISR). L'UITO avait pour mission de créer une liaison entre toutes les organisations ouvrières théâtrales de tous les pays « imprégnées de l'esprit de la lutte de classes ». Comptant à l'origine cinq sections nationales (Allemagne, Tchécoslovaquie, Belgique, Suisse et URSS), constituées essentiellement d'amateurs, l'UITO coordonnait onze sections nationales en juillet 1932. S'ajoutaient aux précédentes, les organisations de théâtre ouvrier des Etats-Unis, du Japon, d'Angleterre, de Hollande, de Norvège, d'Alsace-Lorraine et de France : la Fédération du Théâtre Ouvrier de France – FTOF. En outre, l'organisation était en lien avec des théâtres ouvriers de pays coloniaux et « semi-coloniaux ». En novembre 1932, forte de son succès, l'UITO changea de nom pour devenir l'Union Internationale du Théâtre Révolutionnaire (UITR). Elle s'ouvrit alors aux artistes professionnels, y compris les compagnons de route. En mai 1933, elle organisa à Moscou, une Olympiade Internationale du Théâtre Ouvrier qui réunissait des troupes de théâtre ouvrier de 26 pays, les plus représentatives du théâtre « révolutionnaire », c'est-à-dire fidèles à la ligne du Komintern. Les buts de l'UITO étaient officiellement « d'aider le théâtre ouvrier à se transformer en véritable Agit-Prop » c'est-à-dire à faire de la propagande pour les idées communistes et la défense de l'URSS, « pays de la dictature prolétarienne », dirigé par Joseph Staline. Déjà en janvier 1924, Lénine avait fait part à Clara Zetkin de son souhait de voir se développer un « art véritable, un art communiste ». A travers l'UITO, organisation de masse du théâtre prolétarien et révolutionnaire, la IIIe Internationale a créé un théâtre communiste à l'échelle mondiale.