Former les bénévoles d'associations à l'enseignement du français, un enjeu majeur pour Sylvie Sohier
Depuis quelques années, le CIEF propose des formations à des bénévoles d’associations locales qui dispensent des cours de français à des demandeurs non francophones. Sylvie Sohier, enseignante de français langue étrangère et responsable de cette formation depuis 4 ans, explique les enjeux pour les bénéficiaires, pour l’université et pour le territoire.
Le CIEF, qu'est-ce que c'est ?
Le CIEF - Centre International d’Etudes Française - a pour mission principale la préparation linguistique, culturelle et méthodologique des étudiants non-francophones pour leur intégration dans les cursus pédagogiques dispensés par les composantes de l'université.
A la marge, d’autres types de publics qui n’ont pas pour projet de suivre ou de reprendre des études mais ont un niveau suffisant (minimum bac), intègrent le CIEF pour perfectionner leur niveau de français. C’est le cas de jeunes filles au pair par exemple, d’exilés ou encore de conjoints étrangers mariés à des Français.
Au total, le CIEF accueille chaque année près de 250 apprenants de toutes nationalités et de tous niveaux. L’équipe enseignante compte cinq permanents et une quinzaine de vacataires délivrant des formations de niveau débutant au niveau avancé, permettant à chacun de progresser à son rythme.
Le CIEF propose depuis quelques années une formation destinée aux bénévoles d’associations, pourquoi ?
"C’est un rôle social de l’université, en passant par les bénévoles, d’aider les personnes que nous accueillions en France."
Les associations se mobilisent depuis toujours pour aider les personnes qui arrivent en France dans l’apprentissage du français. Malheureusement, beaucoup de bénévoles n'ont pas de formation particulière pour délivrer des cours de français. Ce sont des personnes qui donnent de leur temps sans forcément être ni enseignant, ni enseignant de français langue étrangère. Ils avaient besoin d'aide et c'est un rôle social de l'université, en passant par les bénévoles, d'aider les personnes que nous accueillions en France.
En 2019, l’université d’Angers a proposé à l’association des directeurs de centres universitaires dont l’URCA fait partie, de délivrer des formations aux bénévoles des associations. Nous étions nombreux à trouver que la proposition était très pertinente et nécessaire. Rapidement, l’agence universitaire de la francophonie (AUF) et le ministère de l’Intérieur ont été informés et ont décidé de subventionner les établissements pour la formation des bénévoles.
Contribuer à l’efficacité de l’enseignement du français dans les associations permet également aux centres de français langue étrangère (FLE) des universités d’accueillir des personnes étrangères avec un niveau plus confortable pour perfectionner leur français avant de suivre des études supérieures en France.
Concrètement, en quoi consiste ces formations ?
La formation des bénévoles au CIEF dure 6 jours soit l’équivalent de 36 heures, et s’effectue en deux temps. La première phase de 5 jours comprend une formation théorique et pratique dont une journée d’observation sur le terrain d’un enseignant de langue étrangère exerçant. Quelques mois après, une phase de consolidation est proposée sur une journée afin de vérifier l’assimilation de la formation, l’expérimentation des acquis, les difficultés rencontrées et leur proposer des leviers d’ajustements.
Cette formation, nous la préparons en amont mais nous l’adaptons toujours selon le public que nous recevons, plus ou moins à l’aise avec la didactique et la pédagogie, et selon les échanges que nous pouvons avoir avec eux au cours de la formation.
Comment sont accueillies ces formations par les bénévoles ?
De nombreux bénévoles que nous avons reçus nous ont fait part des difficultés qu’ils rencontraient en délivrant des cours de français. Des niveaux différents, des situations personnelles complexes, des inscrits qui ne viennent pas toujours ; ce qui rendait les situations d’enseignement difficiles. Certains avaient également le sentiment de mal faire.
Les retours des bénévoles après la formation ont été très positifs, que ce soit la journée d’observation notamment pour les non-enseignants de profession, la formation théorique ou encore la journée de consolidation. Même si cette formation ne résoudra pas l’entière complexité des situations d’enseignement dans les associations, elle leur permet d’être mieux armés et plus sereins dans l’enseignement du français.
Côté formateurs, je me joins à mes collègues pour dire qu’humainement et professionnellement ces formations sont très riches et plaisantes à proposer. Les personnes que nous recevons sont toutes volontaires, agréables et très intéressantes.
Quels sont les défis aujourd’hui pour le CIEF dans le cadre des formations aux bénévoles ?
En 3 ans, 53 bénévoles de 10 organismes locaux différents ont pu bénéficier de cette formation au CIEF. Etant donné le contexte international, les besoins en apprentissage du français pour les migrants arrivant dans notre pays ne sont pas près de diminuer. Le point d’entrée des personnes non francophones désireuses d’apprendre le français reste majoritairement les associations via leurs bénévoles.
Si la formation ciblait jusqu’alors principalement des associations rémoises, de plus en plus de sollicitations d’associations au-delà de Reims, en provenance de Châlons-en-Champagne, d’Epernay ou encore de Sézanne, nous parviennent.
Aujourd’hui nous espérons associer à cette démarche davantage d’associations pour former encore plus de bénévoles sur tout le territoire champardennais, et ceci grâce notamment au projet DeMETeRE de l’URCA. Ce projet vise à déployer des lieux de formation et de services interprofessionnels en lien avec les acteurs socioéconomiques et universitaires du territoire. Le CIEF, à travers le projet DeMETeRE, prévoit de renforcer les relations avec les associations du territoire et de délivrer toujours plus de formations aux formateurs bénévoles volontaires.


