Axe 4 - Modèles esthétiques et représentations


Responsable : Bernard TEYSSANDIER

Le terme de « représentation » est étroitement lié à la notion de « modèle » et à celle d’« imaginaire ». De fait, tous les axes constitutifs du CRIMEL convergent vers l’axe 4. La « représentation » poétique se réalise en effet par le biais de la lecture, du déchiffrement textuel et iconographique qui en dessinent les contours et qui contribuent à sa réalisation. Elle procède ainsi d’un double régime intellectuel : l’érudition, qui permet d’apprécier l’objet étudié par le biais d’une approche contextualisante ; l’herméneutique, qui autorise et légitime son déchiffrement. En somme, la notion de « représentation » s’apprécie en fonction des « discours » dont elle procède.

Ouvrages théoriques de référence : Maurice Godelier, Aux fondements des sociétés humaines. Ce que nous apprend l’anthropologie, 2007 ; C. Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, 1975 ; M. Fumaroli, L’Ecole du silence ; divers essais de Pietro Camporesi, Roger Chartier, Jean-Marc Chatelain, Olivier Christin, Georges Didi-Huberman, Monica Ferrari, Hans-Georg Gadamer.

Il s’agit principalement de s’interroger sur les constructions mentales, intellectuelles, philosophiques, esthétiques, poétiques qui président à la mise en images du réel, fût-ce-t-elle textuelle ou iconographique.

Parmi les thématiques abordées :

Synchronie et diachronie de la représentation

L’axe est particulièrement attaché à valoriser les approches qui s’inscrivent dans le temps historique afin d’apprécier les inflexions, glissements voire révolutions par rapport aux modèles convoqués

Rapports textes/images

L’axe est soucieux de penser l’image plastique dans son rapport aux discours qui l’accompagnent (illustrations, décorations) qui la sous-tendent ou qui la prolongent

Dialogue entre les arts

L’axe envisage une appréhension large de la culture, tant pour ce qui relève des zones géographiques que disciplinaires (arts libéraux, arts mécaniques, sciences et techniques, littérature française et comparée)

Littératures et anthropologie

L’axe a pour ambition de penser l’humanité et l’histoire humaine à partir d’objets sélectionnés qu’il s’agit d’appréhender pour leur aptitude à se constituer en histoires

Le livre comme représentation

Au cours de son histoire, le livre fait l’objet de nombreuses métaphorisations qui contribuent à sa transformation. L’axe se donne pour objets d’apprécier en synchronie et en diachronie ces divers glissements.

La notion de « représentation » occupe une place prépondérante dans le secteur des sciences humaines. Elle envisage le fait culturel en l’adossant à un certain nombre « discours » structurants : histoire, histoire de l’art et des styles, iconologie, histoire de la rhétorique, histoire de la médecine, sociologie, anthropologie, musicologie, arts du spectacle, techniques, translations et transpositions.

Exemples de cette approche interdisciplinaire ayant donné lieu à des publications ou événements :

Martial Martin, « Images de propagande ? Les représentations de la Ligue et l’élaboration de l’image du roi Henri IV », dans Henri IV Art et pouvoir, ss la dir. de C. Nativel, 2016

Jean Balsamo, « De l’édition aux exemplaires : les Images ou tableaux de platte peinture de Philostrate, Paris, 1614, Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, 2017, 79, p. 365-384

Alexis Lévrier, « Les fausses morts du Roi-Soleil ou l’impossible contrôle de l’information », Le Temps des médias, Revue d’histoire, 30, 2018, p. 32-46

JL Haquette, « une vie dans les livres : axiologie de la lecture et représentations du bibliomane au siècle des Lumières », dans Vivre comme on lit, Hommage à P. Chardin, 2018, p. 145-158.

E. Henin et V. Wampfler, Memento Marie. Regards sur la galerie Médicis, Reims, Epure, 2019.

Sébastien Hubier, Emmanuel Le Vagueresse, Séries TV génériques, Reims, 2019.

Jean Balsamo, « Une pratique de la sociabilité humaniste à l’épreuve de l’Europe : l’album amicorum au XVIe siècle, dans L’humanisme à l’épreuve de l’Europe, sous la dir de D. Crouzet et al., 2019, Champvallon, p. 136-151.

Bernard Teyssandier, « Grandes et petites mythologies : le centaure au miroir du Grand Siècle », dans Grandes et petites mythologies. Monts et abymes, dir. K. Ueltschi et F. Verdon, Reims, 2020, p. 183-207

Céline Bohnert, « Imaginaire et politique, une mise en scène mythologique du règne », Histoire de l’opéra, dir. H. Lacombe, Fayard, 2021, p. 263-270.

Yann Calbérac, « Raviver le vif. Le terrain des géographes au prisme de la métaphore », dans C. Vincent et al. Mouvements de géographie. Une science sociale aux tournants, PUR, 2021

Sophie Conte, « La douceur (suavitas) de la voix dans les Vacationes autumnales de Louis de Cressolles 1620 », dans Magna voce, sous la dir. A.-I. Bouton-Touboulic, Garnier, 2021, p. 137-160.

Antoine Pietrobelli, « Théories et imaginaire de la digestion dans l’Antiquité », dans F. Collard et E. Samana dir. Histoire du ventre, L’Harmattan, 2021, p. 31-43.

Bernard Teyssandier, « Des mausolées qui volent : Les Triomphes de Louis le Juste (1649) », Littératures classiques, 104, 2021, P. 139-154, numéro spécial dir. par J.Ph. Grosperrin, « L’idée de monument et ses représentations à l’âge classique ».

Danielle Quéruel, « Miroir des dames ou miroir de mort ? Une leçon de vie donnée par Jean Castel », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2021, varia 42, p. 131-161.

Colloque « De l’oralité seconde à la vocalité amplifiée. De quelques interractions entre voix et musique dans les poésies des XXe et XXIe siècles », dir. A.-C. Royère, L. Gaulthier et F. Piantoni (Chaire Hum’arts) en septembre 2021

Colloque Gaston d’Orléans et l’Antiquité, organisé par Valérie Wampfler (antiquisante) et Céline Bohnert (XVIIemiste) les 2,3,4 octobre 2019 à Reims consacré « l’image » du frère de Louis XIII : « image » construite du vivant de Gaston e léguée par la postérité à des fins encomiastiques, esthétiques mais surtout politiques et polémiques. Les actes de ce colloque ont été publiés en décembre 2021, par le Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles. Ils sont désormais en ligne :

https://journals.openedition.org/crcv/18977

En décembre 2021 à Reims, une journée d’étude consacrée à la représentation de l’enfant-roi dans la France monarchique d’Ancien Régime a permis de rassembler des spécialistes de la question autour de la notion d’« éloge ». Ont été notamment explorés l’illustration catéchétique dans le livre imprimé, la pertinence d’un gallicanisme jésuite dans la France d’Ancien Régime, les paradoxes de l’éloge dans le cadre de l’absolutisme bourbonien…